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Le Monde
Un projet de GDF-Suez met en danger les dernières tribus isolées d’Amazonie
par Jean-Marie G. Le Clézio et Jean-Patrick Razon
Article mis en ligne le 17 avril 2010
dernière modification le 16 avril 2010

Le groupe GDF-Suez a entrepris en 2008 la construction de l’un des plus grands barrages du Brésil. D’une capacité de 3 300 MW, le barrage de Jirau, qui devrait entrer en exploitation d’ici deux ans, fait partie d’un programme controversé qui prévoit la construction de quatre centrales hydroélectriques dans le bassin de la rivière Madeira, un affluent de l’Amazone. Ce projet, le plus important d’Amérique latine à l’heure actuelle, s’inscrit dans le "Programme de croissance accélérée" lancé en 2007 par le président Lula : il représente plusieurs centaines de kilomètres carrés de retenue d’eau, dont 258 km2 pour le seul barrage de Jirau ; il menace non seulement la diversité biologique et socioculturelle de la région, l’intégrité des territoires occupés par les peuples indigènes, les communautés riveraines et d’autres populations locales vivant dans la région du bassin de la Madeira, mais aussi la survie même de certaines des dernières tribus isolées du monde

...Le complexe hydroélectrique de la Madeira ne fait pas l’unanimité. Survival International et de nombreuses organisations de la société civile brésilienne et internationales ainsi que les communautés indiennes et les populations riveraines s’opposent farouchement à ce qu’elles qualifient de "désastre humain et écologique"....

..."GDF-Suez ne tient pas compte de nos communautés tout comme il ne respecte pas la rivière", a déclaré Océlio Munoz, un dirigeant local du Mouvement des peuples affectés par les barrages : "Nos vies sont détruites par un modèle de développement qui traite le fleuve et la terre comme des marchandises."...

...GDF-Suez porte la responsabilité d’une série de violations du droit brésilien et du droit international, des lignes directrices établies par l’Association internationale de l’hydroélectricité et même des normes mises en place par elle-même dans le domaine de la responsabilité des entreprises. Elle est également comptable de déforestations illégales...

...Le gouvernement français étant actionnaire à 36 % de GDF-Suez, nous cautionnons tous, non seulement la destruction d’une région d’une exceptionnelle biodiversité, mais surtout la disparition, plus que probable, de quelques-unes des dernières sociétés qui constituent une part essentielle de la diversité humaine. Les organisations de la société civile, qui tenaient le contre-sommet de Davos en janvier dernier, ont été bien éclairées de couronner GDF-Suez du Public Eye Award, un "prix de la honte" visant à dénoncer l’attitude irresponsable des compagnies multinationales envers les êtres humains et l’environnement. L’œil était dans la tombe et regardait Caïn....