
L’association L214 dénonce les souffrances subies par les animaux ainsi que des risques sanitaires et des atteintes à l’environnement dans une exploitation de la filière foie gras. La préfecture a ordonné la fermeture de l’établissement jeudi soir. (...)
Un canard, échappé d’une cage délabrée, avance lentement, les pattes recouvertes par un flot d’excréments. Autour de lui, des cadavres d’animaux en décomposition qui gisent dans leur cage ou sur le sol, dans un bâtiment totalement insalubre. L’association L214 a publié, jeudi 20 août, des images témoignant de la situation dans un élevage de canards reproducteurs situé sur la commune de Lichos, dans les Pyrénées-Atlantiques. (...)
« Au départ, on a eu l’impression que le site était à l’abandon, explique Brigitte Gothière, la directrice et porte-parole de l’association. Les cages sont rouillées, complètement défoncées. Et puis on a vu apparaître des canards encore en vie, dans un état pitoyable. Il y a des rats, des asticots qui grouillent et puis cette couche de merde partout sur le sol… Normalement, il y a une fosse septique pour récupérer les déjections, là tout se déverse librement à l’extérieur. C’est ahurissant ! »
Les images ont été tournées début août dans un bâtiment abritant des canards de Barbarie. Le sperme de ces animaux est prélevé régulièrement puis utilisé pour inséminer des canes de Pékin. Les canards mulards mâles issus de ces inséminations, qui naissent dans un couvoir attenant, sont utilisés pour la production de foie gras. Jusqu’en 2015, ce couvoir de canetons mulards faisait partie de ceux qui fournissent la filière Indication géographique protégée (IGP) « canard à foie gras du Sud-Ouest ».
Une « bombe sanitaire »
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L’organisation de défense des animaux dénonce des conditions de vie « effroyables » pour les palmipèdes, mais aussi des conditions de travail « épouvantables » pour les salariés. (...)
« On devait marcher sur des vers blancs pour nourrir les animaux, j’ai failli être malade plusieurs fois, raconte l’ancien employé qui a alerté l’association. Quand je trouvais des canards morts, je les mettais dans un sac pour les déposer dans un conteneur, mais il n’y avait pas de congélateur. Il y avait une odeur… C’était l’horreur. »
« Avec cette accumulation de déjections, de crasse et de cadavres en décomposition, cet élevage est une véritable bombe sanitaire, met aussi en garde L214. La situation semble totalement hors de contrôle. » Selon le lanceur d’alerte, des vétérinaires se sont pourtant rendus sur les lieux à au moins deux reprises à l’époque où il travaillait dans l’élevage. Lors de leurs visites, les salariés n’étaient pas présents.