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Un documentaire d’ITV révèle les conditions de détention de Julian Assange. « Ce n’est pas un endroit agréable : c’est l’enfer »
Article mis en ligne le 3 mars 2020

Le film en deux parties « Welcome to HMP Belmarsh » (Bienvenue à la prison de Belmarsh), diffusé pour la première fois sur ITV les 13 et 20 janvier, marque la première fois que la prison de haute sécurité a autorisé des caméras de télévision à l’intérieur.

Aujourd’hui, la prison de Belmarsh fait l’objet d’une nouvelle attention en tant que « Guantanamo de la Grande-Bretagne ». Elle détient le prisonnier politique le plus en vue au monde, Julian Assange. L’émission d’ITV devait servir d’opération de relations publiques. Malgré cela, il a réussi à en dire plus que voulu sur les conditions épouvantables qui règnent dans la prison.

Après la diffusion de la série en deux parties, on a interrogé Kemp à plusieurs reprises sur les médias sociaux au sujet de Julian Assange. Il semble qu’il ait demandé à interviewer Assange, mais le fondateur de WikiLeaks — soumis à une campagne impitoyable de harcèlement public par la presse mondiale — a refusé de participer, craignant sans doute un coup monté. Néanmoins, Assange a été le sous-texte de tout ce qui figurait dans le film.

On a construit Belmarsh en 1991 comme la première prison « supermax » de Grande-Bretagne. Elle était particulièrement destinée aux prisonniers considérés comme une « menace pour la sécurité nationale ». On a conçu la première nouvelle prison pour hommes de Londres depuis un siècle avec des dispositions spécifiques pour la détention de terroristes. (...)

L’émission mentionnait à plusieurs reprises le nombre élevé de prisonniers de catégorie A qui y étaient détenus, et les fréquentes confrontations violentes entre détenus. La catégorie A, la plus haute catégorie de sécurité, est destinée aux prisonniers « dont l’évasion serait très dangereuse pour la sécurité publique ou nationale ».

Dans sa conception générale, Belmarsh comprend une unité de haute sécurité (UHS), décrite comme une « prison dans une prison ». Elle a accueilli des prisonniers considérés comme les plus dangereux. Il y avait notamment des agents du KGB, des membres et des dirigeants d’Al-Qaïda et des barons internationaux de la drogue impliqués dans le crime organisé et le blanchiment d’argent (dont l’un est interviewé). On l’a également utilisée pour héberger des voyous violemment anti-islamiques et fascistes, dont Darren Osborne, le tueur de la mosquée de Finsbury Park.

(...)

Les gardiens ont montré à Kemp les listes quotidiennes des conflits, montrant la menace de violence entre les prisonniers. Un prisonnier a expliqué les risques auxquels les détenus sont confrontés en sortant de leur cellule chaque jour. En raison de son statut de haute sécurité, il a déclaré : « On pourrait penser que Belmarsh est l’une des prisons où l’on est en sécurité… Loin de là. » (...)

Au cours des 12 derniers mois, trois prisonniers sont morts à l’intérieur de Belmarsh. (...)

En 2009, l’inspecteur en chef des prisons britanniques a constaté un niveau « extrêmement élevé » de force utilisée contre les prisonniers, les détenus faisant état d’intimidations, de menaces et d’agressions par le personnel. Le rapport de l’inspecteur de 2018 a noté qu’on n’avait pas mis en œuvre beaucoup des « améliorations » recommandées, et que certains « résultats étaient pires que la dernière fois ».

L’UHS possède sa propre unité de ségrégation, décrite par le gouverneur de l’UHS comme « la fin du monde ». Kemp a noté que cette cellule ne contenait pas de lit et n’avait pas accès à l’eau.

Les capacités de la prison et les objectifs prévus soulèvent la question évidente de savoir pourquoi on l’utilisée pour détenir Assange, un journaliste condamné pour aucun crime. Le fait est qu’on l’a placé en détention préventive uniquement en relation avec une demande d’extradition du gouvernement américain. Cette demande vise à faire taire son journalisme primé qui a exposé les crimes de guerre et autres activités illégales des gouvernements des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Australie. (...)

Sans être mentionnées, la détérioration de la santé d’Assange et les inquiétudes des professionnels médicaux indépendants concernant son isolement dans l’unité de soins de santé ont pesé silencieusement sur l’émission. On a maintenant transféré Assange dans une autre partie de la prison suite aux protestations de son équipe juridique, des groupes de campagne et, fait plus frappant encore, de ses codétenus. (...)

À l’intérieur d’une salle de contrôle, les agents de la prison visionnent des images de la manifestation à l’extérieur via plusieurs écrans de télévision en circuit fermé, en zoomant pour identifier les personnes qui les intéressent. Davis dit à Kemp : « Toute manifestation à l’extérieur de la prison met mon personnel en danger. » Cette scène particulière aura sans doute été suivie avec intérêt par ceux — y compris les Gilets Jaunes en France — qui ont participé aux récents rassemblements pour Assange devant la prison.

voir le documentaire en anglais :
Welcome to HMP Belmarsh