
Un article du Figaro.fr, il y a quelques jours, m’a interpellé : « Absentéisme dans la fonction publique, qui remporte la palme ? ». Le site, qui voulait faire suite à sa série d’article sur les absences de profs non remplacées en Seine Saint-Denis (un vrai sujet, alarmant), souhaitait manifestement dégoter les chiffres officiels de l’absentéisme enseignant. En cherchant un peu, la journaliste a pu découvrir que les enseignants sont moins absents que la moyenne des fonctionnaires. En allant chercher un peu plus loin, elle aurait trouvé que les enseignants sont également moins absents que la moyenne des employés français, tous secteurs confondus.
Voilà le mythe des profs champions de l’absentéisme bon à jeter à la poubelle…
(...) On voit donc que les profs sont parmi les fonctionnaires les moins absents, mais aussi qu’ils sont moins absents que bon nombre de travailleurs, tous secteurs confondus. Pourtant le fort taux de féminisation du métier (notamment en primaire), qui induit des absences pour cause de maternité, vient gonfler mécaniquement l’absentéisme, comparativement à de nombreux secteurs.
Le vrai souci, dans l’absentéisme des enseignants, c’est qu’il se voit comme le nez au milieu de la figure. Passe encore en collège ou en lycée : quand un prof est absent, cela fait un trou d’une ou deux heures dans la journée des élèves. Mais en primaire, un prof absent, c’est 25 à 30 élèves qui restent cartable au dos. Sauf si le prof est remplacé, évidemment. On comprend alors que le fond du problème n’est pas l’absentéisme enseignant, mais le non remplacement des profs absents (c’est même un problème à double effet en primaire, puisque les élèves du prof non remplacé sont répartis dans les autres classes, ce qui gonfle les effectifs et rend les conditions d’apprentissage difficiles).
Or, les corps de professeurs remplaçants tendent à se réduire : entre 2006 et 2012, on a noté une diminution de 40% des effectifs (en secondaire, de 41.000 à 28.000, par exemple), conséquence directe la politique menée par Nicolas Sarkozy, supprimant 80.000 postes dans l’éducation nationale. Le mouvement est depuis enrayé, mais cela ne suffit pas.
Les parents d’élèves ont raison de prendre le taureau par les cornes, sur ce sujet, surtout en Seine Saint Denis. Mais qu’on ne se trompe pas de cible : les profs n’ont pas à être pointés du doigt. Les choix politiques de nos dirigeants, oui.