
LA RÉVOLTE du peuple tunisien, qui dure maintenant depuis un mois, s’est soldée à ce jour par la mort de plus de 50 personnes tombées sous les balles de la police du régime. Cette révolte, initialement cantonnée à des revendications sociales, s’est vite transformée à la surprise de tous en une révolte ouvertement politique. Les manifestants, plus nombreux chaque jour, ont provoqué le départ du président Ben Ali et de sa famille, et réclament l’avènement d’un régime démocratique.
Face à cette situation dramatique dont les enjeux n’échappent à personne, le gouvernement français a d’abord réagi par un silence assourdissant. Puis ont suivi un certain nombre de déclarations sidérantes (...)
nous appelons toutes et tous à faire part publiquement de leur soutien aux revendications du peuple tunisien, et nous exigeons du gouvernement et de la diplomatie française, comptables devant les citoyens français et devant nos concitoyens franco-tunisiens, ainsi que les Tunisiens vivant en France, de prendre acte de la légitimité de ces revendications et d’agir en conséquence, en affirmant enfin, et de façon claire, un soutien au peuple tunisien en lutte contre un régime violemment répressif.
Il ne s’agit pas seulement là d’une question de principe : il est également dans l’intérêt de tous que le gouvernement français cesse de soutenir un régime honni et d’ores et fortement ébranlé, et qu’il saisisse cette occasion historique de contribuer à l’avènement d’une démocratie authentique dans le monde arabe.
– Etienne Balibar, professeur émérite de l’université Paris-X (Nanterre) ;
– Esther Benbassa, directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne) ;
– Luc Boltanski, directeur d’études à l’EHESS ;
– Robert Castel, directeur d’études à l’EHESS ;
– Jacques Rancière, professeur émérite à l’université Paris-VIII (Saint-Denis) ;
– Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France ;
– Dominique Schnapper, sociologue