
Luc Di Gallo a été agressé le 2 juin par quatre individus dans un parc de la ville et traité de « sale pédé » après avoir été ciblé par le biais de l’application de rencontre gay Grindr. L’élu a déposé plainte mais le parquet ne retient pas le caractère homophobe.
Luc Di Gallo craignait de prendre la parole, de s’exposer et de subir une « nouvelle violence à devoir déballer sa vie privée ». Cet adjoint au maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) délégué à la ville Zéro déchet, à l’économie circulaire, à la propreté et aux composteurs collectifs a finalement ressenti « le devoir de s’exprimer ». « En plein mois des fiertés et résolu à lutter contre la haine homophobe, il fallait que je le fasse », explique l’élu victime d’un guet-apens homophobe le vendredi 2 juin.
Ce soir-là, Luc Di Gallo rentre d’une soirée organisée par la ville pour les habitant·es et se connecte sur l’application de rencontre gay Grindr, interdite aux moins de 18 ans. Après quelques échanges qui avaient débuté plusieurs heures avant, un jeune homme lui donne rendez-vous à 23 heures au parc Les Guilands, dans la même ville.
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« Tout en marchant vers un coin plus sombre du parc, je lui ai demandé si on allait chez lui », explique Luc Di Gallo. « Il a dit qu’il ne pouvait pas puis il m’a subitement saisi le cou et a crié “Sortez”. » L’injonction s’adressait à ses complices. Trois jeunes hommes sortent alors d’un buisson et s’en prennent à l’élu. « Pendant que j’étais étranglé, les trois autres se sont jetés sur moi pour me rouer de coups de poing », poursuit l’adjoint.
« Quand j’ai dit que j’avais été agressé à la suite d’un rendez-vous fixé dans un parc public, le médecin m’a dit que c’était dangereux de faire ça et a occulté les insultes homophobes. » Luc Di Gallo
L’un d’eux aurait aussi crié « Sale Pédé » et « Sale pédophile », pendant que les autres lui arrachaient sa sacoche contenant ses deux téléphones portables, le badge de la mairie, de l’argent et ses cartes bancaires. Malgré plusieurs appels au secours de l’élu, personne n’est venu l’aider. « Avant de prendre la fuite, l’un des quatre agresseurs a jeté mes clés au sol, comme s’il donnait un os à un chien maltraité. » (...)
les agresseurs l’ont donc ciblé pour l’attirer dans un piège homophobe et le voler. Sérieusement blessé, il rentre faire opposition à l’utilisation de ses cartes bancaires puis se rend au commissariat de la ville. « Je n’ai pas mentionné mon statut d’élu tout de suite, mais la plainte a été prise correctement et le caractère homophobe de mon agression a été retenu », explique-t-il. La plainte est en effet déposée pour « vol en réunion » et « violences commises en raison de l’orientation sexuelle de la victime ».
Mais comme c’est encore trop souvent le cas, le parquet (en l’occurrence, ici, celui de Bobigny) n’a pas retenu le caractère homophobe de l’agression malgré le mode opératoire des agresseurs et les insultes. (...)
Examiné dans la foulée par un médecin, Luc Di Gallo présentait plusieurs hématomes au niveau du front, de l’œil droit, du bras, des lombaires, des douleurs aux cervicales, des difficultés à déglutir et plusieurs griffures sur les mains, les bras, le cou et la mandibule.
« Il présente les symptômes d’un syndrome de choc post-traumatique avec anxiété généralisée, troubles du sommeil et cauchemars, trouble de l’appétit avec anorexie, hypervigilance, moments d’absence pendant lesquels il revit la scène de l’agression », relève un médecin lors d’un examen mené deux jours après l’agression. Sept jours d’interruption temporaire de travail (ITT) seront ensuite attribués par l’unité médico-judiciaire (UMJ).
Le « comportement homophobe » du médecin des UMJ (...)
En 2022, un guet-apens a eu lieu tous les trois jours, selon le recensement de Mediapart.
Après avoir alerté Patrice Bessac, le maire (PCF) de Montreuil, Luc Di Gallo a décidé de rendre publique son agression et compte diffuser une lettre sur ses réseaux sociaux. « Je savais qu’il y avait déjà eu des guets-apens, mais je pensais cela plus anecdotique. Je ne pensais pas que cela pouvait être possible à Montreuil, dans un parc avec des gens pas très loin », explique-t-il. « Je parle pour ne pas laisser passer cette homophobie, pour ne pas laisser gagner les agresseurs qui misent sur l’idée que les victimes auraient honte de parler ou de porter plainte après une rencontre homosexuelle. » (...)
Les guets-apens homophobes sont en effet loin d’être anecdotiques. Dans Guets-apens, des crimes invisibles, diffusé depuis avril dernier, Mediapart révèle qu’il y en a eu au moins trois cents ces cinq dernières années. Soit une victime de piège homophobe tous les trois jours en 2022. Dans une grande partie des affaires, la justice occulte le caractère homophobe des ces pièges et les résument à de simples « vols crapuleux ». Et ces agressions, souvent hyper-violentes, continuent.
Le 28 mai dernier, lors d’un rendez-vous, un homme a été poignardé à la jambe et au niveau de la tête avant de réussir à prendre la fuite. En mars, un autre homme raconte à Mediapart avoir été victime d’un piège homophobe, cette fois-ci à Tours. Il aurait été « tabassé, insulté, et menacé d’un couteau » lors d’une rencontre.
Dans son dernier rapport, dévoilé en mai dernier, l’association SOS Homophobie dénombre une agression physique tous les deux jours commise en 2022 à l’égard d’une personne LGBTQI+ et déplore une augmentation de 28 % par rapport à 2021. (...)
Les guets-apens homophobes sont en effet loin d’être anecdotiques. Dans Guets-apens, des crimes invisibles, diffusé depuis avril dernier, Mediapart révèle qu’il y en a eu au moins trois cents ces cinq dernières années. Soit une victime de piège homophobe tous les trois jours en 2022. Dans une grande partie des affaires, la justice occulte le caractère homophobe des ces pièges et les résument à de simples « vols crapuleux ». Et ces agressions, souvent hyper-violentes, continuent.
Le 28 mai dernier, lors d’un rendez-vous, un homme a été poignardé à la jambe et au niveau de la tête avant de réussir à prendre la fuite. En mars, un autre homme raconte à Mediapart avoir été victime d’un piège homophobe, cette fois-ci à Tours. Il aurait été « tabassé, insulté, et menacé d’un couteau » lors d’une rencontre.
Dans son dernier rapport, dévoilé en mai dernier, l’association SOS Homophobie dénombre une agression physique tous les deux jours commise en 2022 à l’égard d’une personne LGBTQI+ et déplore une augmentation de 28 % par rapport à 2021. (...)