
Le hiatus devient insupportable. D’un côté, une mobilisation sociale qui, en six mois, a déjoué tous les plans du gouvernement, décortiqué une réforme des retraites aussi injuste que cynique et démenti la langue de bois médiatique dominante. De l’autre, une absence de réponse institutionnelle et politique face à une détermination obtuse d’un pouvoir qui joue son va-tout dans cette bataille. (...)
si 70 % de la population désapprouve la réforme de Sarkozy, c’est aussi parce qu’il n’y a aucune loi naturelle qui condamnerait les humains à travailler toujours davantage. (...)
Derrière la place et le sens du travail se profilent les finalités de la production, c’est-à-dire le mode de développement humain à promouvoir. (...)
En contradiction avec le bourrage de crâne néo-libéral, ces enjeux apparaissent progressivement à la majorité de la population et notamment aux jeunes qui ont bien saisi qu’on leur promet la galère au travail et la retraite aux calendes grecques. Que manque-t-il pour transformer cette avancée sur le plan des idées en victoire politique ? Des perspectives stratégiques qui posent ouvertement la question institutionnelle et politique, c’est-à-dire celle du pouvoir. (...)
Au moment où j’écris ceci, il ne reste que deux issues : la défaite ou un saut qualitatif de la mobilisation pour paralyser l’économie jusqu’à ce que le gouvernement cède. (...)
Pour rendre possible la seconde issue, n’est-il pas temps de constituer un Front populaire de transformation sociale qui allie toutes les forces engagées dans cette bataille ? (...)