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Ukraine : mais qui sont vraiment les révolutionnaires de la place Maïdan ?
Article mis en ligne le 24 février 2014

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Le grand jeu entre l’Europe et la Russie à propos de l’Ukraine a longuement été analysé par les médias. Qui ont presque oublié de se pencher sur la diversité du mouvement populaire qui a renversé le Président Viktor Ianoukovitch.

Loin de se résumer à sa frange ultranationaliste d’un côté ou pro-européenne de l’autre, les occupants de la place Maïdan, à Kiev, rassemblent des militants pour les droits humains, des féministes, des non-violents, des salariés et des retraités pauvres, des indignés… Une pluralité qui fait sa force mais aussi sa faiblesse. (...)

« Les Ukrainiens sont prêts à mourir pour l’Europe, ça devrait nous faire réfléchir », déclarait le 26 janvier dernier Serge July au micro de RTL. L’éditorialiste est alors déjà en retard sur la compréhension des faits. Et il est loin d’être le seul. Si c’est bien sur le thème de l’Europe que tout a démarré, la contestation s’est muée en véritable mouvement populaire contre le régime, dépassant largement une revendication « pro-européenne ». Le 21 novembre, le président Viktor Ianoukovitch, après cinq années de négociations, annonce soudainement qu’il ne signera pas l’accord d’association avec l’Union européenne. A l’appel des réseaux sociaux, plusieurs milliers d’étudiants et de citoyens de la classe moyenne intellectuelle descendent alors protester et occupent la place Maïdan, cette même place où avait commencé la révolution orange en 2004. Détail de poids : cette fois, les ténors « orangistes » n’y sont pour rien, et l’opposition parlementaire n’est pas une référence pour les « Maïdanistes ». Dans la nuit du 29 novembre, le rassemblement est dispersé avec violence par les « Berkout », la police anti-émeute. C’est cette nuit-là, et en raison de la répression, que le mouvement révolutionnaire commence réellement.

Patchwork contestataire

« J’étais déjà furieuse que le gouvernement agisse aussi stupidement sur la question européenne, témoigne Olha Vesnanka, journaliste et militante des droits civiques, mais avec la répression du 30 novembre, j’ai compris que je ne pouvais pas laisser la police brutaliser des militants pacifiques ». C’est aussi l’avis d’une bonne partie de la population qui, choquée, occupe aussitôt par centaines de milliers la place Maïdan, et la transforme en camp retranché, au fonctionnement totalement horizontal, sans leader. Les jeunes intellectuels pro-européens de novembre sont rejoints par des retraités aux pensions misérables, des artisans et chefs d’entreprises exclus ou victimes du système mafieux et corrompu du clan Ianoukovitch, des femmes, des militants, de gauche comme de droite, russophones ou non, nationalistes fascisants, libéraux ou anarchistes…

« L’injustice a mobilisé plus que les appels des politiques de l’opposition » (...)

« La situation est toujours tendue, explique le journaliste et militant des droits civiques Maksym Butkevych, qui passait ses nuits sur Maïdan. On ne peut rien prédire, mais il est clair que ce n’est pas la fin. » Les différentes forces composant le mouvement populaire, auparavant unies contre un objectif, peuvent être tentées de jouer leur propre partition. Et les fidèles de Ianoukovitch essayer à leur tour d’agiter l’Est. Volontaire d’EvromaidanSOS, Aleksandra Nazarova n’est pas optimiste : « Le Parlement n’a aucun contrôle sur la situation. Je crains la guerre civile, et ceux qui se disent à nos côtés, les nationalistes et les fascistes, se retourneront contre nous demain. »