
Le milliardaire, qui avait pris le contrôle du réseau social en invoquant la défense de la liberté d’expression, assure que les reporters ont participé à la diffusion de sa position en temps réel, mettant en danger sa famille. Faux, répond le « Washington Post ».
Elon Musk, héraut autoproclamé de la liberté d’expression, s’est-il autodétruit, jeudi 15 décembre dans la soirée ? Le réseau social Twitter, acquis pour 44 milliards de dollars (41 milliards d’euros) par le patron de Tesla et fondateur de SpaceX, a soudainement suspendu au moins huit comptes de journalistes ayant écrit à son propos. Il s’agit notamment de Drew Harwell (The Washington Post), de Ryan Mac (The New York Times), de Donie O’Sullivan (CNN) ou d’Aaron Rupar, journaliste politique indépendant présent sur la plate-forme en ligne Substack, et fort de 800 000 abonnés.
Mercredi 14 décembre, Elon Musk avait commencé par suspendre le compte Twitter qui suivait les déplacements de son jet privé, au nom de la protection de la vie privée et de la mise en danger de sa famille (...)
Un peu plus tard, il avait aussi suspendu le compte personnel de l’animateur de ce compte, Jack Sweeney, un étudiant de 20 ans qui avait demandé 50 000 dollars pour arrêter de suivre le jet d’Elon Musk.
Le 6 novembre, Elon Musk s’était pourtant targué de ne commettre aucune censure : « Mon engagement envers la liberté d’expression s’étend même à ne pas interdire le compte suivant mon avion, même si c’est un risque direct pour la sécurité personnelle. » (...)
Pour justifier la suspension des comptes des reporters, Elon Musk a tweeté, jeudi soir : « Me critiquer toute la journée est tout à fait acceptable, mais révéler ma position en temps réel et mettre ma famille en danger ne l’est pas. » Avant d’ajouter : « Les mêmes règles s’appliquent aux “journalistes” comme à tout le monde. »
Il semble qu’un incident avec un véhicule transportant un des enfants d’Elon Musk, prénommé X, soit à l’origine de l’accélération de l’affaire. (...)
Des suspensions « préoccupantes mais pas surprenantes » (...)
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– Elon Musk suspend de Twitter des journalistes qui suivent son actualité
Parmi les journalistes suspendus figurent des employés de médias comme CNN, le New York Times, ou le Washington Post, d’autres étant des journalistes indépendants.
"La suspension impulsive et injustifiée d’un certain nombre de reporters comme celui (du journaliste) de CNN Donie O’Sullivan est inquiétante mais pas surprenante", a réagi dans un communiqué la chaîne américaine.
"L’instabilité et la volatilité croissante de Twitter est particulièrement préoccupante pour quiconque utilise la plateforme. Nous avons demandé une explication à Twitter, et nous réévaluerons notre relation en fonction de cette réponse", ajoute CNN.
Des poursuites contre l’étudiant derrière @Elonjet
Elon Musk a tweeté jeudi 15 décembre qu’une voiture à Los Angeles avec son enfant à bord avait été suivie par "un harceleur cinglé", et semblait pointer du doigt le suivi de son jet privé comme en étant la raison. Il annonçait dans ce tweet qu’il allait poursuivre en justice Jack Sweeney, la personne derrière le compte @ElonJet, désormais suspendu.
Créé par un étudiant et suivi par environ 500.000 personnes, @ElonJet utilisait les données publiques pour indiquer, de façon automatique, quand et où l’appareil du patron de Spacex et Tesla décollait et atterrissait.
Twitter avait communiqué par la suite pour annoncer que son règlement interdisait désormais la plupart des tweets qui indiquaient la position de quelqu’un en temps réel.
Sept jours de suspension
"Publier la position géographique de quelqu’un en temps réel viole le règlement sur le doxing, mais le mettre en ligne en différé est autorisé", avait tweeté, mercredi, Elon Musk. Le terme "doxing" signifie divulguer publiquement, sur internet le plus souvent, des informations personnelles relatives à un individu, sans son accord.
Elon Musk a depuis détaillé la sanction pour les personnes révélant la localisation d’une personne. Sur Twitter, il indique qu’une suspension temporaire de sept jours leur sera appliqué. Mais dans le même temps, le patron de la plateforme réalise un sondage pour déterminer si les personnes ayant dévoilé sa position exacte doivent être réhabilité. Une première version de ce sondage avait vu une réhabilitation immédiate l’emporter.
Cette nouvelle règle a été rappelée par Elon Musk en personne auprès de journalistes réunis dans un espace de discussion Space sur Twitter. L’échange a ensuite été supprimé, sans que la journaliste qui l’animait, Katie Notopoulos de BuzzFeed, n’en soit à l’origine. Le milliardaire a commenté plus tard, en réponse à un utilisateur : "s’ils sont méchants, ils sont suspendus." (...)
Alors qu’Elon Musk a apporté de multiples changements à Twitter depuis son arrivée ( badge payant, augmentation des contenus haineux...), les utilisateurs vont progressivement fuir la plateforme et sa croissance sera nulle. C’est ce que prédit le cabinet d’analyses américain Insider Intelligence, consulté par Reuters.
Selon un rapport, d’ici deux ans, Twitter va perdre 32,7 millions d’utilisateurs et connaître une croissance nulle de ses revenus.
Alors qu’Elon Musk a apporté de multiples changements à Twitter depuis son arrivée ( badge payant, augmentation des contenus haineux...), les utilisateurs vont progressivement fuir la plateforme et sa croissance sera nulle. C’est ce que prédit le cabinet d’analyses américain Insider Intelligence, consulté par Reuters.Selon un rapport, d’ici deux ans, Twitter va perdre 32,7 millions d’utilisateurs et connaître une croissance nulle de ses revenus. (...)
"Les utilisateurs commenceront à quitter la plateforme l’année prochaine, car ils sont de plus en plus gênés par les problèmes techniques et la prolifération de contenus haineux ou autres contenus peu recommandables", note Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence, dans le rapport. (...)