
Le 16 août, le gouvernement tunisien a annoncé la levée des réserves que la Tunisie avait formulées sur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (la Cedaw) qu’elle avait ratifiée en 1985.
Cette décision intervient quelques jours après la Journée nationale de la femme, qui commémore l’adoption du code du statut personnel, le 13 août 1956. Le code tunisien, inspiré par Habib Bourguiba, est réputé être l’un des plus favorables aux femmes dans le monde arabo-musulman. Il contient néanmoins encore des dispositions inégalitaires que ces réserves avaient maintenues au nom des valeurs traditionnelles et religieuses.
Les réserves (relatives aux articles 9, 15, 16 et 29) portaient notamment sur l’égalité des droits et obligations des époux pendant le mariage et lors de sa dissolution, sur l’autorité parentale, sur le droit pour l’épouse d’octroyer son nom de famille ou de transmettre sa nationalité à ses enfants, sur le droit choisir son domicile. Elles maintenaient aussi l’inégalité successorale.
Elles étaient accompagnées d’une déclaration générale qui annonce que la Tunisie n’adoptera pas de décisions législatives ou réglementaire susceptible d’aller à l’encontre de l’article 1er de la Constitution, lequel stipule que « la religion de la Tunisie est l’islam ». Or cette déclaration générale, en revanche, n’a pas été levée.
(...)Le maintien de cette déclaration aujourd’hui relève de la même volonté de rassurer, mais il a une portée plus politique que juridique, d’autant que la constitution a été abrogée ! Même si la plupart des formations politiques s’accordent à dire que cet article 1er doit être conservé tel quel dans la prochaine constitution. (...)
L’article 6 de la constitution actuelle prévoit l’égalité entre tous les citoyens et la nouvelle constitution ne pourra aller que plus loin dans ce sens. L’article 1er, qui ne fait qu’un constat sur l’identité de l’Etat tunisien, ne peut pas faire obstacle à un article plus précis qui dira que l’homme et la femme ont les mêmes droits et les mêmes obligations. Il faut donc espérer que nous aurons un tribunal constitutionnel pour vérifier la constitutionnalité des lois.(...) Wikio