
Le journal militant, ReSPUBLICA, poursuit sa campagne de solidarité avec le peuple et les démocrates tunisiens dans la révolution qu’ils viennent de déclencher dans leur pays, et qui s’est soldée en premier lieu par la fuite du président dictateur, Zine al Abidine Ben Ali.
Bochra Belhadj Hmida, figure de proue du féminisme en Tunisie a accepté de répondre de Tunis à nos questions, afin de mieux faire connaître à nos lecteurs la lutte des femmes tunisiennes et les enjeux actuels quant à leurs droits. (...)
La situation actuelle en Tunisie est assez complexe. Le peuple tunisien est soulagé du départ de l’ex-président et de sa famille. Un air de liberté plane sur mon pays, de réels changements sont en train de s’établir dans la relation des citoyen(n)es avec les institutions. Mais la construction de la démocratie, d’un État de droit démarre difficilement pour plusieurs raisons.
D’abord, l’opposition est divisée sur la légitimité du gouvernement actuel, sur les étapes et les priorités. Elle est souvent plus dans la contestation que dans l’initiative, alors que le Rassemblement constitutionnel démocratique (le parti qui a été au pouvoir depuis 1956) est implanté partout et continue à régner, et surtout à empêcher le gouvernement provisoire d’engager la Tunisie dans la transition démocratique.
D’autre part, ceux et celles qui ont fait la révolution, à savoir les jeunes et les régions ont, et à raison, l’impression que leur révolution risque de leur être confisquée ; ce qui crée des tensions.
Le calme n’est pas complètement rétabli. Ce qui peut nuire aussi à la situation économique. Ceci risque de devenir préoccupant ; ce sont les plus défavorisés qui vont encore payer. (...)
Les mutations politiques et même les révolutions sont tentées de négliger les droits des femmes. Et c’est la position du gouvernement provisoire, dont le porte-parole a évoqué, mais en termes confus la levée des réserves du régime de Ben Ali envers la convention internationale pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes signée par la Tunisie.
Le plus important dans cette manifestation est que des femmes de différentes tendances se sont unies pour dire non à la régression des droits des femmes ! oui à l’égalité totale avec les hommes ! Maintenant, il faut que cet élan continue, élargit et renforce le mouvement féministe, en Tunisie. (...)