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Paris -Luttes Info
Travail social : les raisons de la colere
Article mis en ligne le 18 août 2015
dernière modification le 14 août 2015

À l’appel de plusieurs organisations syndicales et de collectifs de lutte, des milliers de travailleurs sociaux se sont mis en grève le 25 juin dernier. C’est l’ensemble du secteur social qui est descendu dans les rues à Paris, Marseille, Bordeaux, Lyon…

De notre côté, nous avons bien entendu pris part à la mobilisation. Sur les boites du 93 où nous sommes implantés des Assemblées Générales ont fleuri, des tracts ont été massivement diffusés pour alerter les différentes équipes professionnelles. Au cours de ces nombreux échanges, des espaces de paroles se sont créés pour dénoncer la casse du social et appeler à battre le pavé. Les travailleurs sociaux du 93 ont répondu en nombre à l’appel. Rézo social 93 est allé à la rencontre d’une petite dizaine d’entre eux pour relayer leurs colères et leurs revendications autour d’une question unique : « pourquoi es-tu en grève aujourd’hui ? » (...)

« Ça tombe très bien que l’ensemble des travailleurs sociaux, éducateurs et le monde hospitalier convergent sur un mouvement de lutte d’autant plus que ça fait un certain nombre d’années qu’on voit les choses se dégrader dans nos métiers. Là, avec Avenir Educs, on s’est mobilisé il y a un an et demi pour contrer une refonte des métiers. L’UNAFORIS (Union Nationale des Associations de FOrmation et de Recherche en Intervention Sociale) et la CPC (Commissions Professionnelles Consultatives une instance rattachée aux ministères qui établit les critères de formations pour les différents métiers) veulent supprimer le métier d’éducateur spécialisé, d’assistante sociale, d’éducateur de jeunes enfants. Pour en faire une espèce d’amalgame complètement hétéroclite avec un travailleur social technocrate qui sera en mesure d’être dans de la gestion et pas dans de la relation humaine.

Nous ce qu’on revendique, c’est des formations professionnelles qualifiantes et qui permettent aux éducateurs, aux assistantes sociales de continuer leur travail de relations avec des hommes et des femmes en difficultés. C’est pour ça qu’on est en grève aujourd’hui, c’est pour être debout pour nos métiers et surtout pour permettre aux étudiants de continuer à se former correctement à un métier de l’ accompagnement et pas un métier de la gestion du social ». (...)

« Si je suis en grève aujourd’hui, c’est par rapport à la braderie du secteur social. Au-delà de la refonte des métiers, de la remise en cause des acquis conventionnels, c’est vraiment tout le secteur qui subit une offensive généralisée. Sur le terrain, l’austérité se traduit par des postes non remplacés et des équipes en difficultés qui n’arrivent plus à rendre un service de qualité. C’est également une précarité budgétaire renforcée. Par exemple pour certaines structures financées par le département, les durées des conventions sont revues à la baisse. Au lieu d’établir des conventions sur 3 ans qui permettaient d’assurer une certaine stabilité financière, on arrive à des appels à projets annuels. La mise en concurrence devient la norme. Forcément, ça se répercute sur les salarié-es en terme d’objectifs à atteindre pour maintenir la boite à flot. Au final, ce sont encore les usager-es qui vont trinquer, car cette logique de chiffres risque de se traduire par une exclusion des publics les plus en difficultés. C’est une perte totale de sens et des valeurs de nos métiers. Face à ces politiques d’austérité, c’est tout le social qui doit se réveiller pour éviter la marchandisation et la dégradation de nos services respectifs » (...)