
Ils sont plus de 30 000 sur un groupe Facebook, et des centaines tous les soirs dans le parc Maximilien de Bruxelles, à se mobiliser pour trouver un toit aux migrants. Certains les accueillent dans leur chambre d’amis, sur leur canapé, d’autres font chauffeur pour les emmener dans leur foyer d’un soir. Un mouvement citoyen qui dérange aujourd’hui le gouvernement, partisan d’une politique ferme.
Depuis le début de la crise migratoire, en 2015, le parc Maximilien, situé au cœur de la capitale belge, est devenu le point d’accroche de nombreux migrants. Certains venus déposer une demande d’asile à l’Office des étrangers situé à proximité, ou se reposer avant de "tenter leur chance" vers l’Angleterre, qu’ils essaient d’atteindre en se glissant dans des véhicules. Depuis le démantèlement en octobre 2016 de la jungle de Calais, ville française située à 200 kilomètres de Bruxelles, leur nombre a sensiblement augmenté.
C’est dans ce parc que, tous les soirs, une poignée d’organisateurs, une vingtaine de chauffeurs et une centaine d’hébergeurs se réunissent afin de permettre à environ 400 migrants de dormir au chaud.
Pour 120 d’entre eux, une place est disponible dans un dortoir, géré par la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, situé à quinze minutes à pied du parc, où repas et douches sont financés par des citoyens. L’immeuble a été mis à disposition par la ville de Bruxelles.
Tous les autres chez l’habitant. (...)
"En France on m’a fait des doigts d’honneur, ici aucun réfugié ne dort dans la rue" (...)
"Pour l’instant, il n’y a pas de ‘délit de solidarité’ en Belgique" (...)
Le 21 janvier dernier, les membres de la plateforme apprennent que la police s’apprête à arrêter en masse les migrants au parc Maximilien. Ils s’organisent et mettent en place une chaîne humaine pour les protéger. (...)
En France, ce succès belge fait des petits. À Calais et dans la métropole lilloise, le réseau Migraction vient de se créer ; ses membres se disent inspirés par l’initiative belge, pour offrir un hébergement aux migrants le week-end.
En Belgique comme en Italie, en Allemagne ou en Espagne, le fait pour des citoyens d’aider des personnes en situation irrégulière est illégal, sauf si c’est effectué dans un cadre humanitaire.
En France, cette aide est passible d’une peine d’emprisonnement et d’une amende, sauf si elle permet la "sauvegarde de la personne de l’étranger" sans contrepartie. Ces dernières années, plusieurs particuliers ont été poursuivis pour avoir transporté ou hébergé des migrants. C’est notamment le cas de Cédric Herrou, un agriculteur de la vallée de la Roya (à l’est des Alpes maritimes) qui a hébergé de nombreux migrants en provenance d’Italie et les a pris en stop depuis l’Italie. (...)