
Mercredi 7 janvier au matin, plus d’une centaine de pompiers s’agitent dans l’obscurité. On voit des flammes dans cet ancien hôtel à l’allure hausmanienne. C’est spectaculaire. Le feu brûlera encore pendant des dizaines d’heures. Ça donne presque envie de croire aux miracles lorsqu’on apprend qu’il n’y a que deux blessés graves parmi les dizaines d’habitant.e.s. La presse locale couvre largement l’événement en récoltant comme d’habitude en priorité leurs informations auprès des autorités et administrateurs locaux. De quoi remplir aisément la rubrique « faits divers » des prochains jours.
Pourtant lorsqu’on connait ce quartier Bayard/Belfort, que l’on écoute les récits des habitant.e.s sur le soir de l’incendie ou que l’on lit ce qu’ils et elles racontent sur leurs immeubles situés en pleins dans ces quartiers en phase de gentrification accélérée, on se dit qu’il n’est pas possible de tourner si vite la page.
En fait, si depuis bientôt deux ans la rue Bayard a fait peau neuve, ce n’est qu’en surface. Sur les pavés neufs d’aujourd’hui, les shlags d’hier usent toujours leurs vieilles godasses. Payée rubis sur l’ongle et inaugurée en grande pompe par les pouvoirs publics, cette rue Bayard n’est pour l’instant qu’un ravalement de façade permettant d’offrir aux visiteurs-consommateurs d’un jour un beau panorama pour leur trajet entre la gare et le centre-ville. En attendant la dégueulasse Occitanie Tower.Tout pour le biff quoi. Mais derrière les trottoirs à 400000€ se cachent encore quelques vieux immeubles où se croisent galériens des centre villes en tout genre. Parcequ’aujourd’hui pour vivre dans le centre-ville de Toulouse sans gagner des salaires mirobolants, bah faut savoir se contenter d’un taudis.
La recette est toujours gagnant pour les promoteurs ou propriétaires et leurs amis de la mairie : laisser pourrir des bâtiments entiers et encaisser les loyers en attendant de pouvoir vendre quand les pouvoirs publiques lancent des chantiers de rénovation. Mépris total pour les locataires qui payent les pots cassés lorsqu’il faudra partir, être expulsé.e.s, crever dans un incendie, finir sous des gravats...
Exigeant le relogement, des locataires appellent à un rassemblement ce lundi 14 janvier 2018 à 12h30 au Capitole, soyons nombreuses pour les soutenir.
Communiqué des habitant.e.s du 73 rue de Bayard
Cette incendie n’a étonné personne d’entre nous étant donné l’état déplorable de notre immeuble. En effet malgrés les loyers et les charges que nous payons tout les mois l’immeuble était laissé à l’abandon.
Il ne s’agit pas que d’ascenceur en panne des mois durant, mais également d’un entretien des parties communes inexistant, d’installations éléctriques défaillantes, des fuites d’eaux quotidienne, d’une mauvais évacuation des eaux usées, d’invasion de blattes, cafards, punaises de lit et autres nuisibles. La liste serait bien trop longue pour être exposée dans sa totalité.
Le préfet, rempli de mauvaise foi, s’est rendu sur les lieux le 10 janvier à 8h, pour déclarer que « l’immeuble était viable et non insalubre ».
Nous ne partageons absolument pas ce constat.
Nous demandons réparation envers la propriétaire de ce lieu, du syndicat de copropriété et des autorités publiques.
Comment est il possible de loger des etres humais dans de telles conditions ? Comment la mairie peut penser à faire sortir de terre un nouveau quartier d’affaire avant d’imaginer loger décemment les habitant.e.s de Toulouse ?
IL EST TEMPS DE RENDRE DES COMPTES !!!
Les habitant.e.s en colére du 73 rue de Bayard (...)