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Total1, Exxon2, Gazprom3 : l’idée géniale des scientifiques pour renommer les canicules
Article mis en ligne le 13 juillet 2022
dernière modification le 12 juillet 2022

Une idée absolument géniale a refait surface ces dernières semaines. D’abord évoquée par Christophe Cassou en 2019, plusieurs scientifiques françaises et français ont suggéré lors de la canicule de juin 2022 de nommer les aléas climatiques par les noms des sources de pollutions :

Total1, Exxon2, Gazprom3 : l’idée géniale des scientifiques pour renommer les canicules

Bon Pote
July 11, 2022
Mis à jour le 11 July 2022
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Une idée absolument géniale a refait surface ces dernières semaines. D’abord évoquée par Christophe Cassou en 2019, plusieurs scientifiques françaises et français ont suggéré lors de la canicule de juin 2022 de nommer les aléas climatiques par les noms des sources de pollutions :
Source : Twitter

Si cette idée parait farfelue au premier abord, elle aurait au contraire une très grande utilité.
Faire le lien entre aléas et réchauffement climatique

L’un des plus grands drames de notre époque est le manque d’informations claires sur le lien entre l’augmentation des aléas climatiques, leur intensité, et le réchauffement climatique. Soyons plus précis, et parlons même du réchauffement climatique anthropique, donc le réchauffement d’origine humaine.

Ce réchauffement est causé par les émissions de gaz à effet de serre, cela ne fait aucun doute, et les humains sont bel et bien responsables de cela. Rappelons deux points essentiels du 1er volet du dernier rapport du GIEC :

  • Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres. Des changements rapides et généralisés se sont produits dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère.
  • 100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines. C’est aujourd’hui un fait établi, sans équivoque (pour comprendre ce qu’est le forçage radiatif, lisez cet article). Nous pouvons l’observer en comparant le réchauffement observé (a) et l’influence humaine en (b) (...)

Désinformation, doute, et menteurs professionnels

Même si ce réchauffement anthropique est incontestable (en tout cas dans la littérature scientifique), le lien est très rarement fait entre les aléas et les activités de l’industrie fossile. Il y a au moins trois raisons à cela :

  • L’information est très insuffisante sur le réchauffement climatique, et quand les JT et les chaînes d’infos en continu présentent des aléas climatiques, le lien est trop rarement fait avec le changement climatique. A l’instar du gouvernement français depuis au moins 5 ans, la communication est également très insuffisante de la part des gouvernements.
  • Les climatosceptiques n’ont pas complètement disparu et sont encore présents pour semer le doute. Par exemple, à chaque post ou tweet sur les réseaux sociaux qui parle de canicule, ils sont toujours là pour vous expliquer que c’est naturel, que cela n’a rien à voir avec les émissions de gaz à effet de serre… (c’est FAUX).
  • Les entreprises pétrolières et gazières ont joué les marchands de doute pendant des décennies, prétextant que nous n’étions pas certains que l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère puisse mener à un réchauffement…

Il est donc évident que renommer ces canicules (et autres aléas) serait une excellente idée et permettrait aux Françaises et Français de bien plus faire le lien entre les deux. (...)

Nous avons vu que le changement climatique augmente la fréquence des canicules. Mais des canicules se sont produites dans le passé et nous ne pouvons affirmer qu’une canicule donnée est due au réchauffement climatique. On peut néanmoins affirmer que la probabilité d’occurrence de ces évènements météorologiques a fortement augmenté du fait du changement climatique anthropique.

L’attribution d’un évènement météorologique extrême individuel au changement climatique est très intéressante, et permet de se rendre compte de la rareté (ou pas !) de ce que nous vivons depuis deux décennies, et allons vivre dans celles à venir. (...)

Total1, Exxon2, Gazprom3 : quel nom choisir ?

Maintenant que nous sommes sûrs des faits, il est temps de choisir un nom. La ville de Séville a d’ailleurs lancé l’initiative, mais c’est simplement pour graduer l’intensité de la canicule. L’objectif est ici bien différent.

La solution qui parait la plus évidente serait de choisir les plus grands groupes énergétiques au monde spécialisés dans le charbon, le gaz et le pétrole. Si la canicule est en France, le nom le plus connu est certainement celui de Total, comme l’avait suggéré Maxime Combes en appelant la canicule de juin 2022 TotalEnergie n°1.

Pourquoi Total ? Pourquoi “encore Total” ? Car Total est un groupe climaticide depuis des décennies, et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, ils mentent sur l’impact de leur activité depuis 1971. (...)

Deuxièmement, alors que le GIEC et l’AIE confirment que tout investissement dans un nouveau projet fossile nous ferait sortir de l’Accord de Paris, Total a plusieurs projets d’exploitations en cours, désormais appelés les “bombes climatiques“. Enfin, TotalEnergies continue son greenwashing depuis des années en communiquant à coup de millions d’euros sur son activité renouvelable, alors que la majorité de ses activités et de ses profits viennent des énergies fossiles.
Comment se mettre d’accord à l’international ? (...)

Et pourquoi pas Patrick Pouyanné ? Et pourquoi pas Bernard Arnault ?

Nous pourrions étendre la liste des noms susceptibles d’améliorer la prise de conscience entre émissions de GES et l’augmentation des aléas climatiques. Au lieu de prendre le nom des entreprises directement, nous pourrions directement prendre le nom des président(e)s des entreprises concernées. Suggestion soufflée par Olivier Norek : Patrick Pouyanné, PDG de Total. (...)

Il y a tout de même un risque à cela. Total est certes très connue du grand public, mais il est fort à parier que ce n’est pas la même chose pour Patrick Pouyanné. Et puis un PDG, c’est susceptible de changer rapidement, alors qu’une entreprise comme TotalEnergies, qui continue de participer à des projets climaticides comme EACOP, nous risquons de l’avoir encore quelques décennies.

En parlant d’EACOP, ce serait également l’opportunité d’appeler les canicules avec les banques qui financent le plus les énergies fossiles. JP Morgan, Citi, mais aussi et bien sûr les banques françaises, qui financent des milliards d’énergies fossiles (et ont même atteint des records) après la signature de l’Accord de Paris. Pourquoi ne pas nommer la prochaine canicule BNP Paribas, Société Générale ou Crédit Agricole ? Saviez-vous que votre banque finance des milliards d’énergies fossiles chaque année ? Combien exactement ? Pour quelles conséquences ? Peut-être que cela serait une bonne idée finalement ?

Enfin, puisqu’il est impossible d’avoir une transition écologique sans justice sociale, pourquoi ne pas renommer la canicule avec l’une des personnes les plus émettrices de France, comme Bernard Arnault ? Lui qui rien qu’avec les vols de son jet privé, a émis 176t de CO2 en mai 2022, soit 17 fois plus que l’empreinte carbone moyenne française annuelle ? (...)

Dans la mesure où la responsabilité est commune mais différenciée, renommer la prochaine canicule Total1, Exxon2 ou Gazprom3 serait une excellente idée. Si elle se propage sur les réseaux sociaux, il se pourrait que cela arrive aux oreilles des bonnes personnes…