
Les populations autochtones du Canada ont entamé une contestation d’ampleur contre un projet de loi du gouvernement conservateur. Une chef amérindienne, Theresa Spence, qui a entamé une grève de la faim il y a un mois, en est devenue l’icône.
Depuis quatre semaines, les repas de Theresa Spence se limitent à un bouillon de poisson ou une infusion de plantes médicinales. La chef améridienne de la tribu des Attawapiskat, dont le territoire est isolé dans le nord de l’État de l’Ontario, est en grève de la faim depuis le 10 décembre. Installée dans un tipi face au Parlement canadien à Ottawa, elle proteste contre les conditions de vie des autochtones, particulièrement exposés aux problèmes de logement, de chômage et de santé publique. (...)
Des conditions de vie dignes "du tiers-monde", avait estimé l’hiver dernier le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, James Anaya. À cette époque déjà, Theresa Spence s’était élevée pour dénoncer le manque criant de logements dans sa commune. Elle avait décrété l’état d’urgence sur son territoire, alors que plusieurs dizaines de ses administrés dormaient par un froid polaire sous des tentes ou des habitations de fortune, sans eau courante ni électricité. Une situation qui, selon elle, ne s’est pas améliorée, malgré les moyens débloqués en urgence par l’État fédéral. Et cette année, une goutte a fait déborder le vase : le gouvernement conservateur de Stephen Harper est en passe de faire adopter une série de lois restreignant considérablement, selon ses opposants, la protection des cours d’eaux et des lacs, et amputant les droits des autochtones sur leurs terres. (...)
Menace sur les droits des autochtones
"L’objectif de cette ’loi mammouth’ [ainsi surnommée en raison du grand nombre de dispositions qu’elle comporte, ndlr] est de faciliter l’exploitation des sables bitumeux, des gisements d’hydrocarbures dont l’exploitation est extrêmement polluante, sans qu’une opposition n’ait véritablement les moyens de se faire entendre", analyse André Frappier, président et porte-parole du parti politique Québec solidaire, qui soutient le mouvement initié par la chef amérindienne. "Cette loi menace les droits ancestraux des populations autochtones, déjà considérablement défavorisées", ajoute-t-il. (...)