
200 squatteurs occupent depuis novembre d’anciens locaux universitaires rue Lamartine. La préfecture leur a signifié l’obligation de quitter les lieux d’ici lundi.
« La préfecture vient de nous envoyer l’huissier aujourd’hui pour nous dire qu’il nous reste trois jours avant de partir ! Ils vont les reloger dans des hôtels ou ailleurs, mais pour combien de temps ? » Cette jeune bénévole, membre du collectif AB + qui s’efforce de gérer le squat de la rue Lamartine à Talence, est pour le moins inquiète. (...)
Le site du 40, rue Lamartine, comprend neuf bâtiments sur un terrain de 11 600 m² dont 2 840 m² de bâti. Il était dédié à l’enseignement des mathématiques jusqu’à l’été 2018. Ces locaux sont propriété de l’État et l’université en est affectataire.
Squat depuis novembre
C’est mi-novembre que les squatters ont commencé à arriver. Trois mois après, ce site très proche de la place centrale, celle du Forum, ressemble au plus gros squat de l’agglomération, avec près de 200 personnes, migrants sub-sahariens, Albanais, Roms, sans-logis… auxquels se sont ajoutées progressivement des populations diverses. « Le collectif essaie de trouver des solutions, précise notre interlocutrice. Il y a beaucoup de demandeurs d’asile, de femmes enceintes, d’enfants, des mineurs, des adultes. Tous les jours on nous appelle pour savoir s’il y a encore de la place. Médecins du monde et Éducation sans frontières nous aident, ainsi que l’association Arts de Talence. »
Des complications
Mais tout n’est pas si simple. Le maire, Emmanuel Sallaberry, résume brièvement la situation : « Il y a eu une insertion satisfaisante au début, mais le squat a grandi, grossi, et aujourd’hui il y a une problématique d’organisation avec une montée très sensible des débordements. C’est indéniable ! »
Des riverains de cet immense terrain ont créé voilà trois semaines, le collectif Lamartine. Son président, Pierre Morisseau, qui doit d’ailleurs être reçu par le maire, explique : « Nous avons constaté beaucoup d’incivilités dans le quartier depuis fin novembre ». Lui et ses amis signalent « des cambriolages qui se multiplient, entre Saint-Genès et la place du Forum. Mais aussi des violences du fait d’adolescents, notamment devant le collège Saint-Genès ».
La police municipale a interpellé mercredi matin un jeune cambrioleur la main dans le sac… rempli de bouteilles, d’argent et d’objets divers tout juste dérobés par effraction dans un bar du cours Gambetta. Plus l’employé victime d’un vol à l’arraché le soir à minuit. Le collectif de riverains estime qu’il s’agit au moins du douzième commerçant cambriolé au cours des trois dernières semaines « plus les particuliers. Nous avons un sentiment de très forte insécurité. »
Le collectif de riverains admet « qu’il faut reclasser les gens, mais ce squat crée un appel d’air qui fait venir de la vraie délinquance ».
Patrouilles renforcées
Le premier magistrat talençais confirme pour sa part avoir renforcé « de manière très importante » la présence de la police municipale dans le secteur, (...)
Emmanuel Sallaberry estime que la mairie ne pourra pas tout régler seule. « C’est à l’État de prendre une décision. L’État, l’université, le Département pour les mineurs et la mairie. Cela pour une solution définitive et humaine. Il y a peut-être également une réponse métropolitaine à apporter. »
Une partie de la réponse sera donc a priori apportée ce lundi.
Recherche de solutions adaptées (...)
En décembre, le tribunal administratif ordonnait l’expulsion des occupants.
Mais le site étant occupé notamment par des familles, une enquête de situation sociale et la recherche de solutions adaptées devaient être effectuées par les services de la préfecture avant toute procédure d’expulsion, afin de trouver des solutions d’hébergement.