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TROIS LEVIERS POUR REDUIRE LA PAUVRETE
Article repris d’Alternatives économiques.
Article mis en ligne le 4 février 2017
dernière modification le 31 janvier 2017

La pauvreté n’est pas une fatalité. Pour la réduire, notre pays peut actionner trois leviers : la formation, la qualité des emplois, les revenus des familles. Les propositions de Denis Clerc, économiste, fondateur du magazine Alternatives Economiques.

La pauvreté n’est pas une fatalité. Surtout dans un pays qui affecte un peu plus d’un tiers de son PIB (33,7 %) – record mondial – à la protection sociale. Or, les résultats ne sont pas à la hauteur : 14,3 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté [1]. On peut faire mieux, de sorte que la pauvreté ne soit qu’un passage temporaire et non une trappe dont on ne peut sortir. Notre pays dispose de trois leviers possibles, qu’il n’utilise pas au mieux actuellement.

Miser sur la formation

D’abord, la formation. Parce que la société bouge vite et, avec elle, les emplois et le niveau de compétences que les employeurs exigent de leurs salariés. Entre 2008 et 2015, le nombre d’employés et d’ouvriers en France métropolitaine a diminué d’un million, alors que celui de cadres, professions intellectuelles et professions intermédiaires (techniciens, infirmiers, instituteurs…) progressait de 800 000. Ceux et celles qui n’ont pas une formation (ou une expérience professionnelle) solide risquent fort de se retrouver au chômage et, si ce dernier dure, de basculer dans la pauvreté : un tiers des chômeurs disposent d’un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.

Chez les jeunes, en particulier, la question de la formation initiale est cruciale : le taux de chômage est de l’ordre de 10 % pour les jeunes diplômés et de 50 % pour les jeunes sans diplôme. Lutter contre l’échec scolaire – qui concerne 15 à 17 % d’une classe d’âge – permettrait de réduire sensiblement la pauvreté. Développer l’apprentissage aussi : les pays qui ont misé sur cette passerelle entre formation et entreprise (Danemark, Allemagne, Autriche, Pays-Bas) connaissent tous de faibles taux de chômage pour leurs jeunes.

Par ailleurs, la formation continue est bien plus souvent utilisée en France pour renforcer les compétences des travailleurs qualifiés que pour les moins qualifiés ou pour ceux qui doivent se reconvertir. (...)

Sécuriser l’emploi

Ensuite, la qualité des emplois. Deux millions de travailleurs sont en situation de pauvreté. Le niveau du salaire minimum n’est pas en cause : la France figure dans le peloton de tête européen sur ce plan. Les faibles rémunérations proviennent bien davantage d’emplois « incomplets ». Soit à temps partiel (notamment pour les femmes : serveuse, femme de chambre, caissière, femme de ménage…), soit temporaires, avec la multiplication des CDD de très courte durée. (...)

Donner des atouts aux familles populaires

Enfin, les familles monoparentales ou nombreuses sont fragiles face à la pauvreté, quand le nombre d’apporteurs de revenus ne suffit pas pour assurer le nécessaire aux membres du ménage. Le taux de pauvreté des familles nombreuses (3 enfants ou plus) est de 22 %, celui des familles monoparentales de 33 %.

Dans le premier cas, ce sont les prestations familiales qui sont principalement en cause ; dans celui des familles monoparentales, c’est la difficulté à concilier emploi et responsabilité parentale de jeunes enfants. Sous prétexte de donner à chaque famille la même chose, on a laissé stagner des allocations familiales à des niveaux insuffisants pour les familles populaires, tandis que les familles plus aisées disposent, grâce au quotient familial, d’aides fiscales.

Le pire est atteint avec le RSA (...)