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Sur la révolte des tentes, impressions
Article mis en ligne le 14 août 2011

Le Mouvement a surpris dans une société rendue muette et immobile par des années de formolisation, et c’est un véritable soulagement de réaliser qu’elle est vivante et capable de secouer sa léthargie.
Lors de la manifestation des 150 000 du 30 juillet, Gideon Levy écrivait déjà qu’il n’y avait pas eu de manifestation de cette ampleur depuis celle de... Sabra et Chatila.

La société israélienne se mobilisant massivement depuis des années plutôt pour des commémorations comme lors de l’assassinat de Rabin, que pour des revendications. Les grandes manifestations revendicatives de ces dernières années, souligne Michel Warschawski de l’AIC, sont celles des colons et des orthodoxes à Jérusalem.
L’espoir d’un changement est donc permis. On ne peut que s’en réjouir mais il semble qu’au delà des revendications sociales fortes engagées contre la politique néolibérale, les éléments nécessaires à un réel changement ne soient encore présents qu’en germes dans une société bridée depuis des années autour de la sécurité et d’une vision close d’Israël isolé dans une région hostile. Cependant là aussi il y a mouvement, mais plus lent, presque souterrain mais affleurant parfois la surface avec prudence. Tout le monde semble ici mesurer les risques d’explosion du mouvement dans sa globalité, et d’un repli consécutif d’autant plus rigide.

(...) la dénonciation du néolibéralisme est catégorique et radicale ; les gens qui s’expriment sur les places et devant les campements reprennent tous la litanie des privatisations, déréglementations et baisse de pouvoir d’achat ; mais ils disent aussi qu’ils ne veulent plus vivre ainsi, qu’ils veulent vivre autrement, et cela ne peut se résumer à des changements économiques. Le slogan majeur, absolu, est partout : le peuple veut la justice sociale. Partout le mot révolution est repris dans les manifestations. Les aspirations semblent être bien plus grandes que ce qui peut être exprimé.(...)

un peuple entier réclame la paix. Le même peuple dans la rue ne dit plus un mot de la paix, pourtant quelques frémissements indiquent que le thème n’est pas loin des pensées, mais si brûlant et gros de risques que l’on préfère se taire. C’’est même dit-on une décision assumée par les leaders du mouvement.(...)

« ...Une part grandissante de la population israélienne prend conscience du fait que les réformes ultra-libérales menées par les différents gouvernements depuis le début des années 2000 sapent l’un des piliers du sionisme : la justice sociale. »(...)

Lors de la manifestation du 6 août, nombre des interrogés, manifestants ou artistes et personnalités, prendront sèchement leur distance vis-à-vis de la sacro sainte sécurité nationale, prétexte disent-ils à faire tout avaler au peuple. (...)

Il n’ y a pas de peuple israélien, c’est un fait, tant qu’une partie de sa population est exclue du collectif national sur des critères ethniques, et ne bénéficie pas de tous les droits de citoyen à part entière. Il ne peut y avoir dans ces conditions qu’un peuple juif, une partie du peuple juif installée sur la terre de Palestine.
(...)

Le mouvement élude là aussi largement cette question, à l’exception de la droite et de la gauche sioniste travailliste pour qui il s’agit toujours – tout en refusant de « faire de la politique » pour ne pas rompre l’unité – d’ imposer le consensus sioniste fondateur comme plancher de la revendication sociale.(...)

Michel Warschawski soulignait aussi les convergences avec la plateforme des forums sociaux mondiaux, « nous ne sommes pas des marchandises, un autre monde est possible ». Ce mouvement, parce qu’il est dans l’impossibilité de s’interroger ouvertement sur le sionisme, et l’inégalité structurelle et la guerre permanente qu’il implique, ne peut articuler aujourd’hui sa revendication sociale pour touuuuute la classe moyenne juive, et un autre monde possible auquel il aspire, où la justice sociale passe par l’égalité de tous, et l’amorce d’un véritable processus de décolonisation au sens le plus large du terme. Un peuple entier réclame un avenir ! (...) Wikio