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Suppression de 14 000 places d’hébergement d’urgence : « Une décision incompréhensible »
#hebergement #FNARS #logementssociaux #115
Article mis en ligne le 4 octobre 2022
dernière modification le 3 octobre 2022

« Incompréhensible ». C’est la réaction des associations et de plusieurs responsables politiques face à la suppression par le gouvernement de 7000 places supplémentaires en hébergement d’urgence en 2023. Elles s’ajoutent ainsi aux 7000 places déjà supprimées depuis le mois de janvier. Ces places, initialement créées pendant la crise du covid, puis maintenues à l’issue de la trêve hivernale, ont progressivement été supprimées au cours de l’année 2022 et ne seront pas compensées. Une décision insensée pour les associations qui, depuis la crise du covid, observent une aggravation de la pauvreté et une augmentation des demandes d’hébergement d’urgence.

(...) Création de places d’hébergement supplémentaires, rénovation des hôtels insalubres, construction de logements sociaux, revalorisation des travailleurs sociaux… A gauche comme à droite, la problématique du logement semble pourtant faire consensus.
Pour la seule nuit du 22 au 23 août, 1 658 enfants étaient sans solution d’hébergement

La décision de supprimer 14 000 de ces places intervient dans un contexte sensible puisque depuis la crise covid, la pauvreté et le nombre de personnes à la rue ont sensiblement augmenté. Avant la rentrée scolaire, les acteurs de la solidarité tiraient déjà la sonnette d’alarme (...)

Pour Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs des Solidarités, cela fait plusieurs mois que les demandes non pourvues augmentent. (...)

les données avancées ne seraient que la partie cachée de l’Iceberg : « Beaucoup de personnes à la rue n’appellent pas le 115 : soit parce qu’elles ne savent pas que ça existe, soit parce qu’elles apprennent par le bouche-à-oreille que ça ne marche pas, ou alors, ils essaient eux-mêmes une fois et ne re tentent pas. »

Le président de la fédération, qui travaille étroitement avec le gouvernement sur la question, rapporte : « On nous explique que ça aurait pu être pire. Ce qui est incompréhensible, c’est qu’il y avait un acquis du premier quinquennat Macron, c’était la fin de la gestion au thermomètre, et là, il revient là-dessus. » Il conclut : « Je compte sur le gouvernement et le débat parlementaire pour changer ça. »
« Il faut mettre en place un véritable service public de la rue au logement » (...)

Dominique Estrosi Sassone se désole, elle aussi, de cette décision : « La fermeture de places, c’est toujours un échec de la politique du logement. » Elle souligne toutefois que l’hébergement précaire dans des hôtels n’est pas une solution et qu’il ne faut donc pas se focaliser sur les hébergements d’urgence : « On voit bien que quel que soit le nombre de places qu’on peut ouvrir dans la limite du budget, même quand il a été ouvert 200 000 places, ça ne suffit pas à répondre à la demande. On a besoin de ces places d’urgence, mais il faut continuer à travailler sur la réinsertion sociale, mettre en place un véritable service public de la rue au logement. » (...)

Une « panne historique » dans la construction de logements sociaux (...)

« Les objectifs n’ont pas été remplis, on a eu 80 000 logements l’an dernier, et 90 000 probablement cette année. Il faut se méfier des objectifs quantitatifs. » Elle regrette par ailleurs que la capacité d’investissements des bailleurs sociaux ait été diminuée avec la réduction du loyer de solidarité (RSL) : « Ils doivent faire le choix entre construire et rénover. Avec la RSL, c’est compliqué pour eux d’atteindre ces chiffres. Le gouvernement doit leur donner plus de moyens. » (...)

« Ainsi, pour la seule ville de Bordeaux, 40 000 personnes sont en attente d’un logement social. A qui la faute ? Pour le président de la FAS tout le monde se renvoie la balle : les maires disent que c’est la faute du gouvernement, et le gouvernement dit que c’est celle des maires, « mais il est temps que les élus, le gouvernement et les bailleurs sociaux trouvent une solution ».
« Les gens qui sont chargés des écoutes au 115, ils vont tous pleurer au fond du couloir » (...)

« Les gens se découragent. On leur demande de trouver des solutions, mais il n’y en a pas. C’est décourageant. »

Le président de la FAS évoque lui aussi la difficulté à recruter : « Nos associations ont de plus en plus de mal à recruter. Quand une préfecture nous appelle pour nous dire qu’ils ouvrent un gymnase et qu’il va y avoir besoin d’effectifs, c’est compliqué. » Et d’ajouter : « Les gens qui sont chargés des écoutes au 115, ils vont tous pleurer au fond du couloir. Nous annoncer qu’on va encore supprimer des places en hébergement d’urgence, c’est incompréhensible. »