
Les « hussards » d’aujourd’hui sont épuisés, souligne, dans une tribune au « Monde », le sociologue Benjamin Moignard, spécialiste de l’école, qui attribue principalement les difficultés actuelles aux relations entre les personnels et la hiérarchie.
Christine Renon, directrice d’école et enseignante en Seine-Saint-Denis a été enterrée le 3 octobre, après s’être donné la mort dans son école pendant le week-end du 21 septembre. Dans le courrier qu’elle a laissé, diffusé à ses collègues de Pantin et adressé aussi à l’inspection académique, elle décrit ses doutes, ses difficultés quotidiennes à affronter le délitement d’un métier qu’elle ne voyait pas comme cela. L’accumulation des tâches administratives, la solitude devant la démultiplication des tâches, le stress de la fonction, l’abandon de la hiérarchie…
Cela fait des années que des chercheurs et de nombreuses personnes sur le terrain tirent le signal d’alarme sur les difficultés éprouvées par ceux qui font l’école. Et si un cas particulier, aussi dramatique soit-il, ne fait pas une vérité, au moins faut-il regarder en face la puissance de l’émotion suscitée par cet acte, sur le terrain en général, et en Seine-Saint-Denis en particulier, sa résonance avec les difficultés quotidiennes éprouvées par beaucoup d’enseignants.
Profonds bouleversements
De fait, l’école a connu de profonds bouleversements depuis cinquante ans qui ont transformé radicalement ses missions et imposent au corps enseignant des épreuves d’un nouveau type ils doivent gérer une forte hétérogénéité de niveaux dans des classes au nombre d’élèves exponentiel, accepter le décalage entre une certaine idée du métier et sa réalité quotidienne, renoncer à des aspirations disciplinaires peu en lien avec les réalités du métier, éprouver la tension d’une gestion de classe à laquelle ils ne sont toujours pas vraiment formés. (...)