
Plus de 2000 personnes se sont donné rendez-vous à cinq carrefours du quartier européen ce jeudi 19 décembre à l’initiative de l’Alliance D19-20, plateforme non partisane de citoyen-ne-s, d’agriculteurs-rices, d’associations, de collectifs militants et de syndicats qui portent les deux revendications suivantes : l’abandon des mesures prônées dans le traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG)[1] comme solution de sortie de crise et l’arrêt des négociations du traité de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis (TTIP)[2], menées à huis-clos et sans que les citoyen-ne-s européen-ne-s ne puissent se prononcer sur la question.
Des centaines d’articles, photos et vidéos sur cette journée de mobilisation circulent déjà sur internet et sont disponibles via le site web de l’alliance : www.d19-20.be.
Pourquoi cibler ces deux traités ?
L’UE a décidé de faire payer la crise à la population plutôt qu’aux banques qui l’ont causée. Elle a opté pour des politiques d’austérité en évitant les consultations populaires, les débats et en ignorant les protestations. Depuis lors le temps a montré la nocivité de ces mesures. Des chercheurs-euses, des citoyen-ne-s et même le FMI[3] et l’OCDE[4] en pointent les limites et le caractère destructeur : contraction de l’activité économique, pertes massives d’emploi, paupérisation et précarisation de la population, etc. De plus, ces politiques rappellent les plans d’ajustement structurel, imposés par le FMI à la plupart des pays du « Sud » dès les années 1980. Les conséquences socio-économiques désastreuses de ces politiques ne sont plus à démontrer. Ratifier le TSCG revient à entériner les politiques d’austérité, en s’obligeant, sous peine de sanctions, à réduire le déficit budgétaire public à 0,5% du PIB, ce qu’aucun État-membre n’est en mesure d’accomplir dans la situation actuelle.
Le traité transatlantique, négocié en chambre et sans contrôle démocratique, représente lui aussi une menace pour les populations européennes, pour l’environnement et pour la démocratie. Ce traité favorisera les pratiques de dumping, portant préjudice à l’environnement, aux consommateurs et aux producteurs européens. Déjà en difficulté, ces derniers seront mis en concurrence avec les producteurs nord-américains, qui suivent des normes environnementales et sociales bien inférieures à leurs équivalentes européennes. De plus, un tel traité permettrait aux entreprises transnationales de traîner devant des tribunaux extra-judiciaires les Etats dont les réglementations (économique, sociale, environnementale, de régulation de la finance ou de santé publique) seraient jugées comme entravant le commerce ou empêchant la réalisation de « futurs profits espérés ». Les lobbyistes qui, eux, ont un accès privilégié aux négociations ont déjà exprimé leur espoir de voir ce traité faire disparaitre les limitations européennes à l’importation de produits comme les OGM ou les viandes gonflées aux hormones et nettoyées au chlore[5].
Déroulement des mobilisations[6] (...)
Peu après, des policiers ont arrêté des activistes qui souhaitaient poursuivre pacifiquement le blocage et empêcher l’arrivée des dirigeants au Sommet. Les médias les ont désignés comme faisant partie de la « mouvance anarchiste ». Or, il s’agissait essentiellement de jeunes – membres d’organisations ou non – préoccupés par leur avenir. Par ailleurs, d’autres personnes ont également été arrêtées alors que certaines venaient voir ce qu’il se passait, manifester leur solidarité avec les arrêté-e-s ou encore passaient par là, sachant qu’il était prévu et autorisé que la manifestation de disloque dans le parc du Cinquantenaire.
Les membres de l’Alliance D19-20 sont très préoccupés par la manière dont se sont déroulées ces arrestations. Des policiers en civil sans brassard ont arrêté – parfois de manière très violente – certains militants. Pour l’instant, la collecte des témoignages est en cours. (...)