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Sous les immeubles effondrés de la rue d’Aubagne, les décombres de l’État de droit
Article mis en ligne le 9 novembre 2019

Un an après l’effondrement de la rue d’Aubagne, qui a fait huit morts, les arrêtés de péril et les délogements continuent de pleuvoir, tandis que les personnes évacuées naviguent entre hébergements en hôtels, démarches kafkaïennes et difficultés matérielles, face à l’inertie et au mépris de la mairie de Marseille.

« Ni oubli, ni pardon ! Ni oubli, ni pardon ! » Pendant de longues minutes, le message est scandé par une foule de plusieurs centaines de personnes. L’action se passe au milieu de la rue d’Aubagne, dans le quartier de Noailles, cœur populaire de Marseille. Ce 5 novembre 2019 au matin, il résonne en réponse à l’incurie qui a conduit au drame de la rue d’Aubagne (lire notre précédent article). Un an plus tôt, l’immeuble au numéro 65, entraîné par la chute de son voisin au 63, a englouti huit vies sous les gravats. Ils s’appelaient Fabien, Marie-Emmanuelle, Simona, Niasse, Julien, Ouloume, Chérif et Taher.

« On ne comprend toujours pas comment cette tragédie a pu arriver dans la deuxième ville de France », lance Liliana Lalonde, la mère de Julien – l’un des disparus du 65 –, lors de l’hommage rendu aux victimes dans la soirée « J’étais heureuse de voir mon fils s’installer dans cette ville. Il aimait ce quartier qu’il trouvait tellement vivant, et avec lui nous apprenions aussi à l’aimer », poursuit la franco-péruvienne habitant à Paris. (...)

187 immeubles et 3700 personnes, évacués dans la précipitation (...)

Les négligences, l’incurie et le mépris ne se sont pas arrêtés ce 5 novembre 2018. Jean-Claude Gaudin – maire depuis 24 ans – et ses colistiers se sont recueillis cette année entre eux, loin des victimes et des habitants du quartier, dans l’enceinte de la mairie. Il y a un an, il n’avait pas daigné adresser ses condoléances aux familles. La colère gronde. Par crainte d’une nouvelle catastrophe, les semaines qui suivent l’effondrement, la mairie fait évacuer dans la précipitation 187 immeubles et leurs 3700 habitants. Aujourd’hui, les évacuations continuent. Les personnes finissent dans des hôtels, attendant une hypothétique réintégration dans leur appartement ou un relogement ailleurs. De nombreux quartiers – y compris la vitrine touristique du Panier – sont touchés. La vie du centre-ville, populaire et bouillonnant, en est transformée. Les déplacements d’habitants – du « provisoire » qui devient pour beaucoup permanent – ont rendu l’ambiance délétère. (...)