
C’est un rapport qui était très attendu. Deux mois après l’inspection menée le 11 avril au sein de l’Institution Jean-Paul II de Compiègne (Oise), qui compte 3200 élèves, les conclusions ont été rendues ce vendredi, au sein de l’établissement catholique, en présence du directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) de l’Oise.
Début avril, cinq inspecteurs avaient été saisis par le recteur de l’académie d’Amiens pour tenter de faire la lumière sur des « dérives graves » et une « culture de la censure » dont plusieurs enseignants s’étaient émus en interne. C’est notamment le refus de la direction de projeter deux films sur l’homosexualité et sur l’IVG - « Simone, le voyage du siècle » et « Rafiki »- qui avait conduit à cette inspection. (...)
« L’homosexualité dans notre société est trop banalisée »
Toutefois, en marge de ce rapport au ton plutôt consensuel, le rectorat a fait savoir ce vendredi qu’un signalement a été effectué auprès du procureur de la République au titre l’article 40 du code pénal, confirmant une information de Médiapart. Un signalement qui vise en particulier des propos sur les homosexuels prononcés par des membres de la direction, dont Étienne Ancelin, le coordinateur du lycée.
« L’homosexualité dans notre société est trop banalisée, avait ainsi asséné le chef d’établissement. Heureusement que les homosexuels sont une minorité car sinon, quid de notre humanité ? L’homosexualité n’est pas l’avenir de l’humanité ! » Une autre responsable de la pastorale s’était par ailleurs émue « du nombre important » d’homosexuels au sein de la société. « Ils sont partout, aurait-elle indiqué. Je suis triste de voir tous ces jeunes penser que l’homosexualité peut être un chemin. » (...)
« Cette direction doit désormais être révoquée »
Désormais alertée, c’est à la justice de décider s’il y a lieu ou non, d’engager des poursuites à l’encontre du chef d’établissement. Contacté par Le Parisien, Étienne Ancelin, le coordinateur du lycée, n’a pas souhaité répondre à nos questions. « Mon rôle n’est pas de commenter ce rapport », a-t-il estimé.
Une partie des enseignants de l’institution sont quant à eux « soulagés ». Un collectif de professeurs avait d’ailleurs récemment écrit à la préfète de l’Oise pour signaler les « différents agissements et propos, notamment homophobes, tenus par notre direction ». Catherine Seguin avait indiqué cette semaine que l‘affaire de Jean-Paul II est « prise très au sérieux ».
« Ce signalement est un soulagement, reconnaît une enseignante. Cette direction doit désormais être révoquée. Car il y a eu d’autres propos très choquants et hors la loi. Tout ne doit pas uniquement porter sur l’homophobie… »
Des thèmes trop peu abordés comme l’éducation à la sexualité (...)
Le rapport, dans sa version officielle, n’évoquerait pas, en revanche, la dernière Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, célébrée le 17 mai dernier dans les établissements scolaires. Sauf à Jean-Paul II, où elle a été rebaptisée « Journée de la fraternité ». La campagne d’affichage mise en place pour l’occasion par le ministère de l’Éducation nationale, intitulée « Ici on peut être soi », a elle aussi été passée sous silence. Une professeure allant même jusqu’à déchirer une de ces affiches…
« Position extrémiste, pour ne pas dire obscurantiste » (...)
Les inspecteurs émettent enfin quelques « prescriptions ». (...)