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Souffrances en petite enfance : des pros éprouvés dans le sud de la France
/Le blog de Violence du travail
Article mis en ligne le 14 novembre 2020

Je suis infirmière puéricultrice. Depuis 24 ans. Je travaille en crèche municipale. Et je me retrouve à faire n’importe quoi avec les enfants qui nous sont confiés. A friser l’accident parce que nous ne sommes plus assez nombreuses.

A passer la journée avec des professionnels que je ne connais pas, qui ne connaissent pas le projet de la crèche, les enfants pour que le taux d’encadrement adulte soit suffisant.
Depuis septembre, la hiérarchie nous demande de remplir la structure. Au nom du taux d’occupation. Alors que nous directrices, disions attention, il manque du monde, on ne va pas y arriver !!

Et bien ça y est, on y est. On fait n’importe quoi. Même pas de la garderie. Les enfants viennent, mangent, dorment. Et leurs parents sont satisfaits parce qu’ils ont pu aller travailler.

Je suis devenue un maillon de la sacro-sainte économie française qu’il faut préserver. J’ai la nausée…

Si les parents savaient que parfois (c’est arrivé un jour la semaine dernière ou il n’y avait aucune adulte référente du groupe), leurs enfants nous ont à peine croisé, on ne sait pas reconnaître les doudous, sucettes, on ne sait pas quel manteau est celui de leur enfant (vêtements jamais marqués par les parents !), dans quel lit il a l’habitude de dormir, etc… on est des machines, on n’accueille plus. Les parents n’ont pas l’air de se rendre compte des conditions d’accueil de leurs enfants. Ils voient de nouvelles têtes, qui changent mais ça n’a pas l’air de les questionner. Ils s’inquiètent des conséquences du port du masque des adultes sur le développement de leurs petits pas sur l’insécurité que génère le fait de passer la journée avec des inconnus…

Je suis épuisée. Le soir quand on ferme les portes, je sais avoir fait du très mauvais travail. (...)