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l’Humanité
Solidarité. Les « mamas » sortent enfin de l’ombre
Article mis en ligne le 8 août 2020

Habituées à vendre brochettes et boissons à la sauvette sur le parvis de la gare de Grigny, ces femmes s’organisent pour que leur activité devienne stable et reconnue. (...)

des policiers, peu conciliants avec cette économie souterraine, auraient été aperçus. « Hier, ils ont couru derrière nous comme si nous étions en guerre », explique Cécile, la cinquantaine et un caractère bien trempé. « J’ai dû abandonner mon Caddie et mes brochettes », déplore Kadija, très remontée contre ces descentes policières à répétition. « La dernière fois, un policier en civil s’est fait passer pour un client ! Quand j’ai reconnu ses chaussures, il était trop tard… »

Un constat clair : le tout-répressif ne fonctionne pas

Pour en finir avec le stress des contrôles permanents, mais aussi pour travailler dignement, ces deux femmes et une dizaine d’autres vendeuses, toutes immigrées, originaires d’Afrique subsaharienne et en situation de grande précarité, se sont réunies autour d’une initiative baptisée « Les mamas de Grigny ». Épaulées par l’ONG Grdr Migration-Citoyenneté-Développement et l’association Réveil, elles se retrouvent, depuis octobre, pour échanger et préparer les futurs événements auxquels elles sont dorénavant appelées à participer.
Initié par la mairie, ce projet part d’un constat clair : le tout-répressif ne fonctionne pas. Le réaménagement du parvis de la gare doit passer par le social. « C’est un accompagnement socioprofessionnel. Le Grdr est un pont entre ces femmes, bien souvent en dehors des radars et la société. En plus de les accompagner dans leurs démarches administratives, on veut mettre à profit leurs compétences »,
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Cet été, elles opèrent durant les temps forts dédiés aux plus jeunes. « La semaine dernière, on a dansé et chanté, c’était très bien », s’enthousiasme Kadija.
Réunies dans une salle de la maison de quartier Pablo-Picasso, elles prévoient déjà leur prochaine opération. Mais la canicule annoncée vient compliquer la tâche. Pleines de ressources, elles s’organisent. Elles vont proposer aux enfants des glaces.
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« L’objectif, c’est l’intégration par les compétences acquises dans leur pays d’origine. On a trouvé la cuisine pour les réunir – même si elles ne sont pas enfermées dedans », tient à préciser Roberta.

La fierté d’être devenues visibles dans leur ville

Beaucoup d’entre elles opèrent cependant toujours sur le parvis de la gare, les quelques événements auxquels elles participent ne leur permettant pas de subvenir à leurs besoins. L’indépendance financière est donc encore loin, d’autant plus qu’elles ont dû baisser leurs prix de vente pour suivre ceux que pratiquent les autres vendeurs. Même dans l’économie parallèle, les lois de la concurrence sont rudes… Mais s’il y a bien une chose que les mamas ont gagnée, c’est la fierté : celle de ne plus être rejetées à la marge, d’être devenues visibles dans leur ville.
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