
Résidences secondaires, locations touristiques... La ruée vers la Bretagne entraîne bétonnage et crise du logement. Une idée émerge : l’instauration d’un « statut de résident », qui obligerait à habiter sur place un an avant de pouvoir acheter.
Le problème n’est pas nouveau, mais s’est accentué ces dernières années. Les Airbnb accaparent une part du parc locatif, « et puis, il y a les maisons qui ont été rachetées après le Covid par des gens qui habitent dans de grandes villes... On le voit l’été, c’est rempli de plaques d’immatriculation parisiennes, et c’est de plus en plus compliqué de trouver un logement ».
La donne pourrait changer. Car face à ce constat, des collectifs locaux se sont créés, et un mouvement régional se structure. Une campagne de mobilisations a vu le jour, fédérant plusieurs organisations autour du slogan « Un ti da bep hini » (« Une maison pour tous »), s’inspirant des luttes similaires menées au Pays de Galles, ou au Pays basque. Et une idée commence à faire du bruit : la création d’un statut de « résident principal ». (...)
L’échelon optimal serait celui de la communauté de commune, des pays ou des îles, et pourrait faire l’objet d’une expérimentation sur le modèle des territoires zéro chômeur. (...)
« La durée est d’un an, pour que ce ne soit pas trop compliqué pour les personnes qui souhaitent vivre en Bretagne pour de vrai. » Au cours de la vingtaine de réunions publiques organisées sur le sujet depuis un an, Nil Caouissin a voulu éviter toute confusion : pas question d’un statut réservé aux Bretons et Bretonnes, mais bien d’un statut ouvert à toutes les personnes habitant la région depuis un an, et ce, quelles que soient leurs origines.
« On est carrément en pénurie »
Ce statut aurait de quoi changer tout l’habitat en Bretagne. Car le phénomène ne concerne plus seulement le littoral, mais aussi la campagne. (...)
La presse locale relaie depuis des mois des témoignages poignants de locaux incapables de se loger correctement à l’année. (...)
La situation est même catastrophique dans le sud Morbihan, à Locmiquélic, près de Lorient : depuis 2019, les prix ont doublé. « À peu près 85 % de la population ne peut plus se loger au prix du marché. Les locaux le vivent comme une profonde injustice », explique Gwen, un jeune géographe et habitant de la commune. (...)
Problème : l’artificialisation des sols en Bretagne est tellement forte que la plupart des plans d’urbanisme et d’aménagements du territoire locaux sont pointés du doigt par l’Autorité environnementale. Et certains chiffres donnent le vertige (...)
« Avoir une résidence secondaire, c’est un crime écologique, dénonce Gwen. Pour un même foyer, on va consommer deux fois plus de terres. » La crise du logement et la pression sur les terres devraient s’accroître dans la prochaine décennie. La Bretagne, victime de son attrait, se prépare à accueillir plusieurs centaines de milliers d’habitants supplémentaires, fuyant pour partie les grosses chaleurs du sud de la France ou la vie des grandes métropoles. (...)
Alors que la proposition suscitait une levée de boucliers il y a encore un an, elle fait désormais de plus en plus l’objet de débats. (...)