Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
the conversation
Semaine de quatre jours : la France doit-elle s’inspirer de la Nouvelle-Zélande ?
Article mis en ligne le 8 octobre 2020
dernière modification le 7 octobre 2020

En 2018, une entreprise néo-zélandaise spécialisée dans la sécurité, Perpetual Guardian, adopte définitivement la semaine de quatre jours de travail en apportant, chiffres à l’appui, des conclusions inattendues et un bilan très positif.

Cette expérience grandeur nature a inspiré le gouvernement néo-zélandais qui, par la voix de sa Première ministre Jacinda Ardern, a annoncé en mai 2020 que ce modèle devrait être dupliqué à l’échelle du pays comme une solution pour sortir de la crise économique post-Covid.

Dans le même temps, en France, le Medef prône une solution radicalement opposée en demandant au gouvernement, aux mêmes fins de relance économique, l’allongement du temps de travail. Alors que nombre d’économistes estiment que la réduction du temps de travail constitue une progression logique d’une société de plus en plus productive et où les loisirs tiennent une place primordiale, faut-il en conclure que les milieux patronaux français veulent nous renvoyer vers l’âge de pierre ? (...)

Des expériences similaires ont également été concluantes, telles que celle de Microsoft au Japon. Les chiffres de la productivité et le bonheur des salarié·es ont largement augmenté. L’entreprise a par ailleurs réalisé des économies non négligeables en papier, locaux, électricité, etc.

En macroéconomie, l’un des facteurs de production qui contribuent à la croissance d’un pays est le capital humain. On le mesure à l’échelle d’un pays par la performance au travail et les compétences des travailleurs. Si les compétences sont acquises par l’instruction et l’accumulation de l’expérience, la performance ou la productivité sont liées à plusieurs facteurs, notamment leur état de santé, mais aussi le repos (...)

Autrement dit, une personne en bonne santé, reposée, est plus performante qu’une personne anxieuse, malade ou fatiguée. (...)

L’expérience néo-zélandaise a démontré qu’un jour de congé par semaine (choisi à la suite d’une concertation employé/employeur), souvent en milieu de semaine, permettait aux salarié·es de gérer leurs problèmes quotidiens, d’ajouter des activités sportives en journée, ce qui contribue au long terme à des employé·es moins malades et donc moins enclin·es à prendre des arrêts maladie et encombrer le système de soins.

On en revient à nouveau au capital humain. (...)

En France, la création de nouveaux emplois pèserait également positivement sur les comptes publics et donc sur le financement du système de protection sociale. Or, lors de son discours d’ouverture de l’université d’été du Medef en août, le patron de l’organisation, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré que « la richesse d’un pays, c’est la quantité de travail par individu multipliée par le nombre de gens qui travaillent ».

Pourtant, si la richesse d’un pays se mesurait simplement au nombre de personnes multiplié par leurs heures de travail, les pays très peuplés comme la Chine et l’Inde devraient avoir un PIB par habitant vertigineux ! (...)

Certes, la réduction du temps de travail pourrait être contre-productive dans certains secteurs industriels dont la performance se mesure par le temps et non pas par la productivité (agents de sécurité, d’accueil, technicien·nes, coiffeurs et coiffeuses, etc.). Ce sont donc les professions intellectuelles qui devraient être visées en premier lieu par la réduction du temps de travail, car la performance intellectuelle n’est pas extensible et la fatigue baisse la productivité.

Si on veut relancer une économie après une crise exceptionnelle, il s’agit d’envisager des mesures tout aussi exceptionnelles, ainsi qu’un consensus social où l’effort des salarié·es sera à la hauteur des efforts des entreprises. La réduction du temps de travail représenterait un progrès économique et social, ainsi qu’un coup de pouce inespéré pour le secteur des loisirs qui paie aujourd’hui le plus lourd tribut de la crise économique. (...)

En France, la création de nouveaux emplois pèserait également positivement sur les comptes publics et donc sur le financement du système de protection sociale. Or, lors de son discours d’ouverture de l’université d’été du Medef en août, le patron de l’organisation, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré que « la richesse d’un pays, c’est la quantité de travail par individu multipliée par le nombre de gens qui travaillent ».

Pourtant, si la richesse d’un pays se mesurait simplement au nombre de personnes multiplié par leurs heures de travail, les pays très peuplés comme la Chine et l’Inde devraient avoir un PIB par habitant vertigineux ! (...)