
Ce serait a priori le premier acteur du logement à prendre en France une mesure aussi radicale. L’Office public de l’habitat (OPH) de Bobigny (Seine-Saint-Denis) devrait supprimer, purement et simplement, le paiement des loyers d’avril, dont les locataires sont censés s’acquitter début mai. 4 000 foyers sont concernés, pour un montant global de 1,6 million d’euros.
C’est la municipalité (UDI) de Bobigny qui l’annonce. « Cette pandémie a un impact immédiat sur la population balbynienne, qui compte beaucoup de bénéficiaires des minimas sociaux et de demandeurs d’emploi, explique Mickael Alvez, collaborateur du cabinet du maire. Nous avons décidé de privilégier le pouvoir d’achat de la population, plutôt qu’abonder un fonds de soutien économique, comme le gouvernement le demande aux collectivités. »
Travaux reportés
Il faudra que la décision soit validée par un conseil municipal et par le conseil d’administration de l’OPH de Bobigny
La mairie de Bobigny n’est plus, depuis le 1er janvier 2019, l’autorité de tutelle de l’office. Mais au cabinet du maire, on semble considérer ces étapes comme de simples formalités. (...)
Reste une question, de taille : qui paiera ? La municipalité de Bobigny annonce qu’elle assumera la moitié du coût, par un financement « étalé sur cinq ans ». Et demande à l’OPH, dont la dette « est aujourd’hui résorbée », d’utiliser « tous les leviers que le gouvernement a mis à sa disposition pour faire des économies, reporter les charges possibles et les travaux qui de toute façon ne peuvent pas être réalisés pendant la période de confinement ». (...)
En Seine-Saint-Denis, la revendication d’une suppression ou au moins d’un moratoire sur les loyers des plus précaires a pris de l’ampleur au fil des dernières semaines, portée par l’association Droit au logement, quelques collectifs et amicales…
Mais l’annonce de Bobigny ne semble pas faire tache d’huile dans le 93 et au-delà.
La plupart des offices et bailleurs sociaux y ont déjà annoncé d’autres mesures : la mise en place de « cellules sociales », pour épauler les locataires en difficulté, ainsi que le report partiel des échéances, l’étalement des paiements… « Une annulation de loyer, si elle était mise en place, devrait relever d’un dispositif de solidarité nationale », estimait il y a peu une porte-parole de Plaine Commune Habitat (18 000 logements), soulignant le risque financier que cela constituerait pour les offices, qui « n’ont comme ressources que les loyers ». (...)