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la vie des idées
Se saisir des attentats
Article mis en ligne le 9 décembre 2019
dernière modification le 7 décembre 2019

Les attentats ne sont pas des moments propices à la réflexion ni à la prise de recul. Ils attisent les peurs, échauffent les esprits, et appellent, d’un point de vue politique, des réponses fortes et rapides plutôt que des analyses posées ou des débats contradictoires. Face aux attentats, les sciences humaines et sociales sont souvent, pour cette raison, perçues comme inutiles, quand elles ne sont pas tout simplement considérées comme obsolètes. Ainsi a-t-il pu se trouver des universitaires américains après les attentats du 11-Septembre pour les juger proprement dépassées par l’événement et ses enjeux, et estimer qu’il n’y avait plus, désormais, qu’à choisir son camp et se préparer à la guerre.

Ce dossier de La Vie des idées entend faire la preuve du contraire et montrer que, dans leur diversité, les sciences humaines et sociales, loin d’être désarmées ou désemparées face à de tels événements, recèlent au contraire des savoirs et des outils précieux pour qui veut se saisir des attentats, plutôt que de se laisser happer par leurs représentations imposées. Les attentats sont en effet passibles des opérations les plus communes des sciences sociales : il est possible d’objectiver leurs effets, de les mettre à distance et en perspective. Nos propres réactions, collectives et subjectives, à leur égard peuvent faire l’objet d’une réflexivité, seule à même de nous éviter de plonger dans le maelström – pour rependre une image de Norbert Elias – qui se crée dans leur sillage.

Si l’expression n’était galvaudée, on dirait volontiers que les attentats sont des « faits sociaux totaux », tant il est vrai que leurs effets se font ressentir dans tous les domaines de notre existence collective : cohésion sociale, activité économique, vie politique, systéme juridique, etc. C’est pourquoi ce dossier mobilise des auteurs et des savoirs d’une grande variété de disciplines, des sciences cognitives à la science politique, en passant par l’économie, la sociologie, l’anthropologie, ou encore l’analyse des images et des médias. En cela, il témoigne du fait que la confrontation des savoirs et le dialogue interdisciplinaire sont capables de produire une intelligence collective sur ce que vivent nos sociétés à l’épreuve d’un attentat.