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Mediapart
Scandale du syndicat lycéen : les échanges qui plombent la défense de Jean-Michel Blanquer
Article mis en ligne le 23 novembre 2020

Depuis nos premières révélations sur Avenir Lycéen, le ministère de l’éducation assure ne jamais avoir entretenu de relation « politique » avec ce syndicat pro-gouvernement. Une réunion et des échanges impliquant directement le ministre prouvent le contraire.

L’affaire s’envenime pour Jean-Michel Blanquer. Contrairement aux affirmations du ministère depuis les premières révélations de Mediapart sur le fonctionnement d’Avenir Lycéen, la Rue de Grenelle a bien entretenu des relations politiques avec ce syndicat lycéen pro-gouvernement.

Selon de nouveaux documents et témoignages recueillis par Mediapart, Jean-Michel Blanquer a même personnellement échangé avec plusieurs dirigeants du syndicat, par ailleurs militants chez les Jeunes avec Macron, sur des projets politiques en cours. (...)

Le 5 novembre, le ministère nous a pourtant assuré par écrit que le « ministère n’a jamais été sollicité, sous quelque forme que ce soit, pour la création d’“Avenir Éducation” », une nouvelle filière du syndicat, visant à rassembler étudiants, professeurs et parents d’élèves et à concurrencer les organisations existantes. « Le ministère a découvert l’existence [d’Avenir Éducation] au moment de son officialisation », avaient ajouté les services de Jean-Michel Blanquer (lire ici).

Ce que le déroulé des événements, désormais reconstitué par Mediapart, vient démentir formellement.

Dans la matinée du jeudi 2 juillet 2020, le ministre a d’abord reçu, seul, dans son bureau de la rue de Grenelle quatre membres du syndicat pour évoquer le sujet, hors la présence de son directeur de cabinet du ministre ou de son délégué national à la vie lycéenne (DNVL), d’après nos informations. Jean-Michel Blanquer a, ce jour-là, donné son approbation à la création d’Avenir Éducation, selon le témoignage d’un participant. (...)

Interrogé, Jean-Michel Blanquer, qui a déclaré dimanche soir sur RTL que cette affaire ne reposait sur « rien », n’a pas répondu à nos questions.

Onze jours après le rendez-vous avec le ministre, Avenir Éducation est créé le 13 juillet par une poignée de militants à Lyon. La structure, qui selon ses statuts a notamment pour objet « de favoriser le dialogue et les réflexions au sein des instances démocratiques et de représentation », est présidée par Franck*, qui est également militant des Jeunes avec Macron et était présent au ministère le 2 juillet.

Le 24 juillet, lors d’une assemblée générale, Avenir Lycéen vote à son tour pour la création et son intégration à Avenir Éducation. Juste après le résultat positif, Gaëlle* écrit à Jean-Michel Blanquer, en message privé sur Twitter, pour l’en informer. Le ministre répond à la militante : « Bravo ». À Mediapart, Gaëlle explique que ce type d’échange direct avec le ministre était exceptionnel : « Je me suis dit que j’allais l’envoyer parce qu’on avait parlé du fait qu’on allait lancer ça [Avenir Éducation] dans les prochaines semaines, et ça s’est arrêté là. J’ai échangé très, très peu avec Jean-Michel Blanquer sur Twitter. »

L’implication directe de Jean-Michel Blanquer contredit la défense de son ministère dans ce dossier. (...)

« Depuis des semaines, LFI [La France insoumise] et Edwy Plenel [directeur de publication de Mediapart] ciblent le ministre qui a dénoncé l’islamogauchisme », a aussi écrit le conseiller dans sa note. Une tentative de diversion reprise par quelques députés de la majorité tout le week-end, et dans une tribune publiée dans Atlantico ce lundi 23 novembre.

C’est au moment même où Jean-Michel Blanquer échangeait en juillet avec plusieurs dirigeants d’Avenir Lycéen proches de la Macronie que des alertes orales et écrites ont été adressées, notamment le 25 juillet, à son délégué national pour la vie lycéenne (DNVL), bras droit politique du ministre, sur les dérapages financiers du syndicat et la mauvaise utilisation de la subvention de 65 000 euros qui lui avait été accordée (...)

Depuis nos premières révélations, et la cascade de démissions qui s’est ensuivie de la part de militants ne tolérant pas les malversations, c’est aussi Franck qui a repris en main la présidence d’Avenir Lycéen, selon un document que nous avons pu consulter. Le trésorier d’Avenir Lycéen est aussi celui d’Avenir Éducation depuis sa création. (...)