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France culture
Salauds de pauvres ! La montée de l’hostilité envers les pauvres : une situation alarmante.
Article mis en ligne le 5 novembre 2016
dernière modification le 3 novembre 2016

« Dégradation de centres d’accueil, arrêtés anti-mendicité, chasse aux sans-abri dans la rue : les actes contre les démunis se multiplient dans le pays » résumait Le Monde à la une, le 1er novembre et Isabelle Rey-Lefebvre rappelait que le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, des incendies d’origine criminelle ravageaient coup sur coup le futur centre d’hébergement qui devait ouvrir début novembre dans le 16e arrondissement de Paris, et le centre du Secours populaire de Montreuil. « On sent un vent mauvais, un effritement des valeurs d’hospitalité et de solidarité », témoignait Florent Gueguen, de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale. « 

« On ne sait pas si les politiques relaient l’opinion publique ou s’ils l’alimentent, mais leurs discours culpabilisent les pauvres, les migrants, les bénéficiaires du RSA ou les sans-abri, tous confondus, et les désignent de plus en plus comme des assistés qui profiteraient du système », ajoutait Claire Hédon, présidente du mouvement ATD Quart Monde. Subventions réduites voire supprimées aux associations d’aide aux plus démunis, mobilier urbain dissuasif, fin du tarif réduit du passe Navigo en Ile-de-France, les mesures se multiplient. L’hebdomadaire Le un est consacré à cette pénible question. « Salauds de pauvres ! » Des parasites ? Des incapables qui ne font pas d’efforts pour s’en sortir ?

L’anthropologue Patrick Declerck, qui a arpenté les rues de Paris à la rencontre des clochards et publié son enquête dans la collection Terre Humaine sous le titre Les Naufragés, répond que « survivre dans la rue nécessite une organisation, une obstination, une énergie infiniment supérieure à celle que nous développons vous et moi pour tenir notre vie ». (...)

Selon lui, « Le personnage du clochard joue un rôle fondamental dans la cohésion sociale – surtout ne vous révoltez pas même si la vie est très dure, parce que l’alternative c’est ça : la rue. Pour que ce fantasme fonctionne, il faut qu’ils restent visibles. » Mais pour Yves Michaud, la grande pauvreté, c’est aussi ce continent immergé, invisible, des laissées pour compte de la retraite à 400 euros, le plus souvent des femmes, divorcées de la vie, échouées au fond d’une voiture ou d’une roulotte « et qui, résignées, ne demandent plus rien ».

Le philosophe évoque aussi le souvenir des chiffonniers de Bombay triant les ordures dans la cour de son hôtel
(...)