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Reporterre
Salariés d’ONG écologistes, ils se mobilisent contre la réforme des retraites
Article mis en ligne le 11 janvier 2020

Alors que la lutte contre la réforme des retraites est toujours vive, Reporterre s’est interrogé : les ONG écologistes se mobilisent-elles ? Si la mobilisation des salariés du secteur est « inédite », les prises de position officielles des ONG sont, elles, diverses.

Voilà plus d’un an que les associations écologistes appellent à battre le pavé dans les manifestations climat. Font-elles de même pour lutter contre la réforme des retraites ?

Parmi les salariés d’ONG écologistes, Reporterre a aisément trouvé des travailleurs mobilisés. « J’ai fait toutes les journées publiques de manifestations depuis le début du mouvement », témoigne Alma Dufour. Elle fait partie de la grosse dizaine de salariés des Amis de la Terre France. « On a presque tous fait au moins une journée de grève », dit-elle. Elle participe aussi à l’organisation d’un « cortège écolo » lors des grosses journées de manifestation, a mené des actions pour contribuer à remplir les caisses de grève et a répondu à l’appel de syndicalistes CGT de l’Essonne qui ont bloqué un entrepôt Amazon.

« On défend une vision très sociale de la transition écologique »

Un engagement fort, cohérent avec la position de l’association pour laquelle elle travaille. Les Amis de la Terre France ont appelé à participer au mouvement contre la réforme. (...)

Adeline Favrel, déléguée du personnel de France nature environnement (FNE, la plus grosse fédération d’associations environnementales en France), fait les comptes parmi ses collègues. « On est monté jusqu’à 12 personnes mobilisées sur 45 salariés », évalue-t-elle. Certains posent des RTT pour aller manifester — et peuvent tout de même être comptés dans les grévistes. (...)

D’autres structures – petites en salariés mais grandes en renom dans le monde de l’écologie – enregistrent aussi des grévistes et des manifestants. Ainsi, à Nature et progrès, association pionnière de la bio, une bonne partie de l’équipe est venue renforcer le cortège de la manifestation d’Alès, dans le Gard. Au réseau Sortir du nucléaire, Anne-Lise Devaux nous rapporte deux grévistes le 9 janvier, et cinq le 5 décembre dernier, sur treize salariés. « Les membres du conseil d’administration soutiennent largement le mouvement et ne voient aucun inconvénient à ce que les salariés soient en grève. » À la Criirad, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, Julien Syren et un collègue ont fait grève et manifesté « à chaque journée de mobilisation nationale », indique-t-il. « Dans l’associatif, certains ne font pas grève car ils considèrent que leur travail de tous les jours est déjà un militantisme, et qu’ils ne vont pas bloquer l’économie s’ils font grève. Moi je pense que pour qu’une action ait du poids, il faut être le plus nombreux possible. » Il est syndiqué chez Asso, tout comme Tanguy Martin, qui travaille pour Terres de liens dans le Maine-et-Loire. « On est dans un secteur très précarisé, très féminisé, avec des carrières à temps partiel. Tous les collègues vont prendre cette réforme des retraites de plein fouet. C’est précieux de montrer qu’il n’y a pas que les cheminots dans le mouvement. » (...)

Le syndicat Asso — affilié à l’Union syndicale Solidaires — qui regroupe des salariés de l’associatif, rapporte une mobilisation inédite du secteur, pourtant très éclaté et donc difficile à toucher pour les syndicats. (...)

Et côté employeurs ? L’association basque Bizi a sans doute été la première association écologiste à appeler à se mobiliser contre la réforme des retraites, dans un texte diffusé sur Reporterre, et repris par son association sœur au niveau national Alternatiba, ou encore les Amis de la Terre France. Le groupe Alternatiba du Rhône (métropole de Lyon) est particulièrement actif lors des manifestations contre la réforme. « On organise des cortèges climat avec Greenpeace et Les jeunes pour le climat », dit Maxime Forest, un de ses membres. « On a aussi fait une conférence avec deux syndicalistes CGT qui sont venus nous expliquer la réforme et le droit de grève. Parmi nos membres, il y a beaucoup de jeunes de 25 à 35 ans qui bossent dans des grosses boîtes. Grâce à cela, certains ont fait grève pour la première fois de leur vie ! » Des actions dans la continuité de celles entamées depuis le mouvement des Gilets jaunes. (...)

L’engagement de Greenpeace est moins visible. Pour l’instant, la recherche du mot clé « retraites » sur le site internet de l’emblématique organisation écologiste ne donne que des textes sur… le retraitement des déchets nucléaires. Le directeur Jean-François Julliard n’hésite cependant pas à répondre à Reporterre sur le sujet. « On n’a pas d’analyse technique de la réforme des retraites, indique-t-il. En revanche, on a acté dès les premières grèves en décembre qu’on y participait. On a des salariés ou des militants qui viennent dans les manifestations au nom de Greenpeace. Les choix politiques faits par ce gouvernement vont toujours dans le sens d’une politique néolibérale qui abîme la nature. Et plus on va travailler longtemps, plus on va consommer, produire, et donc avoir un effet néfaste pour elle. » Il place ce soutien dans un cadre plus large de rapprochement entre Greenpeace et les syndicats. (...)

Certaines grosses associations, comme France nature environnement, sont muettes sur la réforme des retraites (...)

La Fondation Nicolas Hulot ou France nature environnement (FNE), par exemple, avouent ne pas s’être (encore ?) penchés sur le sujet. Ces associations ont l’habitude de se concentrer sur des sujets purement environnementaux. (...)