
Le 10 août, le « bidonville du Moulon », sur le plateau de Saclay, a été expulsé et détruit. Lors de l’expulsion, un représentant de l’Etablissement Public d’Aménagement Paris-Saclay était présent. Le bidonville se situait en effet sur un lieu stratégique : sur le passage de la future ligne 18, grand projet auquel s’opposent des collectifs d’habitant.es, des agriculteur.rices et des écologistes.
Mardi 10 août, vers 7h, le « bidonville du Moulon », où vivaient environ 80 personnes depuis un an, était désert. Et pour cause : suite à l’annonce de leur expulsion imminente, les bidonvillois.es avaient dû quitter leurs maisons et abandonner une partie de leurs affaires, pour chercher refuge ailleurs. Plusieurs personnes appartenant à des collectifs solidaires1 s’étaient regroupées, afin d’observer la procédure d’expulsion. Un représentant de l’Etablissement Public d’Aménagement Paris-Saclay (EPAPS), organisme qui supervise les travaux sur les ZAC de Moulon et de l’école Polytechnique, propriétaire du terrain, était également présent. (...)
Ce terrain, en plus d’être propriété de l’EPAPS, était situé sur le passage de la future ligne 18, l’un des plus gros chantiers actuels du plateau de Saclay, et aussi l’un des plus contestés. En effet, comme le rapportait récemment Médiapart dans cet article, et comme le dénonce le Collectif citoyen contre la ligne 18 qui a installé une ZAD à Saclay, ce chantier à 4, 4 milliards d’euros a des conséquences dramatiques pour différents acteurs présents sur le territoire :
- les agriculteur.rices et riverain.es du plateau de Saclay, qui voient les champs et espaces boisés artificialisés, remplacés par des grandes écoles, des bureaux, des gares et des « éco-quartiers »
- les riverain.es de Saint Hilaire-la Gravelle, plus au sud de l’Essonne, qui reçoivent les monceaux de déchets du BTP générés par les chantiers de la ligne 182
- les bidonvillois.es du Moulon, qui se sont vu.es expulser alors même que des négociations entre le Collectif de soutien au bidonville du Moulon, la mairie d’Orsay et l’EPAPS étaient en cours. Ces négociations visaient à trouver un terrain sur lequel les familles puissent vivre deux ou trois ans avec l’accord du propriétaire, le temps de se stabiliser (trouver du travail, faire une demande de logement, régler leurs problèmes administratifs...), sans craindre chaque jour une expulsion. Ceci aurait pu in fine leur permettre de trouver un logement...
... Mais la préfecture de Palaiseau en a décidé autrement : les familles ont dû fuir et trouver un nouvel abri par leurs propres moyens, emportant avec elles l’angoisse de nouvelles expulsions, et donc d’une errance durable. En effet, l’abandon des négociations et le choix d’une expulsion ne peut que déplacer le problème, d’un habitat précaire vers un autre puis un autre, etc. Situation classique qui se multiplie en ce moment (...)
Ainsi, hier, les trente cabanes d’un bidonville situé à Massy ont été détruites et les dernier.es habitant.es évacué.es par la police. Ce matin, les habitant.es d’un bidonville situé à Saulx-les-Chartreux étaient convoqué.es au tribunal administratif ; les familles jugées sauront demain si elles vont à leur tour être expulsées de leur lieu de vie. Parmi elles, au moins sept ont déjà vécu des expulsions en juin...
Pour ces bidonvilles comme pour celui du Moulon, « le choix de la date d’expulsion interroge, puisque les différents interlocuteurs, associatifs, riverains et institutionnels sont pour beaucoup en vacances et ne pourront pas aider à un éventuel relogement »3. Pour les un.es les vacances, pour les autres l’errance. (...)