Les 50 premiers demandeurs d’asile qui devaient arriver sur la barge flottante amarrée à Portland, dans le sud de l’Angleterre, mardi, n’ont finalement pas pu embarquer à cause d’une inspection de sécurité. Ils pourraient ne pas arriver avant plusieurs semaines.
C’est un retard qui en dit long sur la complexité du projet. (...)
"Le Bibby Stockholm est actuellement en cours de préparation pour s’assurer qu’il est conforme à toutes les réglementations appropriées avant l’arrivée des premiers demandeurs d’asile dans les semaines à venir", a déclaré un porte-parole du ministère de l’intérieur au quotidien britannique The Guardian. Si le journal estime que l’embarquement pourrait se faire mercredi, le ministre des Transports M. Holden a déclaré : "Je ne peux pas fixer de délai". L’arrivée des premiers arrivants pourrait ainsi être retardée de plusieurs semaines.
Selon le Times, le gouvernement veut éviter que cette barge ne se transforme en "Grenfell flottant", en référence au dramatique incendie qui a ravagé la tour éponyme et fait 79 morts en juin 2017, à Londres.
"Conditions proches de la détention"
Une quarantaine de demandeurs d’asile, actuellement logés dans des hôtels ou hébergements privés, avaient pourtant reçu une lettre de convocation pour leur transfert ce mardi sur la berge. Celle-ci précisait : "Vous n’êtes pas détenu en vertu des pouvoirs d’immigration et ce n’est pas un logement de détention." Une drôle de formulation lorsqu’on sait à quel point ces barges ont été comparées à des prisons flottantes par l’opposition au gouvernement et les associations d’aide aux migrants. (...)
Plus de 50 organisations nationales et militants, dont le Conseil des réfugiés, Asylum Matters et Refugee Action, ont qualifié le programme du gouvernement de "cruel et inhumain", arguant que cette barge proposait des "conditions proches de la détention". Le transfert sur un bâtiment flottant pourrait, selon elles, réactiver des traumatismes chez certains migrants ayant vécu des traversées de la Méditerranée ou de la Manche compliquées.
Hostilité des régions à accueillir les barges
Le gouvernement britannique a eu du mal à trouver des régions favorables à l’accueil de ces barges d’hébergement pour demandeurs d’asile et espère que le programme pilote dans le Dorset convaincra de nouveaux territoires. Selon la BBC, deux sites à côté de l’aéroport de London City et sur la rivière Mersey à Wirral, ont déjà été rejetés.
À Londres, l’autorité de gestion des Royal Docks, le bureau du maire, le conseil de Newham et l’aéroport ont tous exprimé une forte opposition au projet. "Les personnes vulnérables fuyant des circonstances épouvantables n’auraient pas accès au soutien dont elles ont besoin, leur sécurité, leur santé et leur bien-être étant gravement menacés", a réagi le maire Sadiq Khan.
Deux autres barges en préparation (...)
Dans le cadre de son plan pour lutter contre l’immigration illégale, le gouvernement conservateur a promis de réduire de moitié la facture de l’hébergement à l’hôtel des demandeurs d’asile en utilisant des installations comme des bases militaires désaffectées ou des barges à quai. Cette facture s’élevait jusqu’à présent à 7 millions de livres par jour. Fin mars, quelque 172 758 demandeurs d’asile étaient en attente d’une première décision sur leur cas au Royaume-Uni, un niveau record.