Le gouvernement britannique compte "intensifier" son programme de transfert des Afghans évacués de Kaboul, jusqu’ici hébergés dans des hôtels, vers le logement. Mais sur le terrain, nombre d’entre eux manquent de solutions et se retrouvent sans-abri. C’est déjà le cas d’un Afghan sur cinq, avance le réseau des conseils locaux britanniques.

(...) Ce jeune homme, parti de Kaboul en août 2021 dans le cadre d’un programme officiel britannique d’évacuation, était jusqu’ici hébergé dans un hôtel. Mais il a reçu une notification l’obligeant à quitter cet hébergement temporaire dès le 8 août.

Malgré son travail à temps partiel comme assistant de production dans un théâtre londonien, le jeune Afghan assure à The Independent que son dossier locatif a été refusé par dix propriétaires. Pendant ce temps, "ni le ministère de l’Intérieur ni le conseil local ne nous disent clairement quelle est la prochaine étape", déplore-t-il, s’inquiétant de se retrouver à la rue. (...)

À l’heure actuelle, près de 8 000 Afghans demeurent pris en charge dans des hôtels depuis la reprise de Kaboul par les Taliban. Mais courant mai, ils sont nombreux à avoir reçu des notifications les obligeant à quitter ces hébergements provisoires dans les prochains mois.
"Intensifier" les transferts

Fin mars, le gouvernement britannique avait présenté son plan pour transférer ces Afghans vers des logements pérennes. Problème : une seule et unique proposition officielle de logement stable peut leur être faite. En cas de refus, aucune alternative ne leur est présentée. Les personnes se retrouvent donc, comme Amir Hussein Ibrahimi, à chercher par elles-mêmes des solutions. (...)

Une enveloppe de 285 millions de livres sterling a été débloquée en direction des collectivités afin de soutenir le processus de réinstallation. Fin juillet, le gouvernement leur a été demandé "d’intensifier" le rythme des transferts. L’enveloppe a été augmentée dans ce but - elle n’était que de 35 millions de livres sterling à l’origine.

Les propriétaires sont également encouragés à participer à un "effort national", et peuvent utiliser un site en ligne dédié au programme de relogement des Afghans, rappelle le Home Office, équivalent britannique du ministère de l’Intérieur, qui finance l’hébergement hôtelier.

Les hôtels n’ont "jamais été pensés comme une solution durable", a rappelé Johnny Mercer, ministre du gouvernement chargé des anciens combattants, qui porte ce dossier. "C’est injuste pour les Afghans qui y vivent, incapables de s’enraciner plus durablement dans la société, et c’est injuste pour le contribuable, qui paie actuellement la facture", a-t-il argumenté. (...)

Selon des chiffres communiqués le 4 août par la Local Government Association (LGA, l’association des collectivités locales), un Afghan sur cinq se déclare sans domicile fixe auprès des autorités locales, après avoir dû quitter son hébergement dans le cadre de ces évictions. Et ce, sans compter les exilés qui pourraient sortir des radars des conseils locaux en quittant leurs hôtels. (...)

Mais surtout, "cette situation est susceptible de s’aggraver considérablement" dans les semaines à venir, alerte Shaun Davies, "car le ministère de l’Intérieur cessera de payer les hôtels-relais restants" pour poursuivre les transferts.

Les collectivités demandent un délai supplémentaire (...)

La mise en oeuvre du plan fait également débat au sein de la représentation nationale. Le député travailliste Dan Jarvis a par exemple qualifié la situation d’"honteuse".

Certaines ONG dénoncent, elles, un manque d’anticipation depuis le début (...)

Dans un extrait vidéo promu sur ses réseaux sociaux, Johnny Mercer avait répondu à ces critiques, rappelant que la gestion d’août 2021 avait été "incroyablement difficile" : "nous avons trop de personnes dans les hôtels, et nous voulons qu’elles soient réintégrées dans la société britannique. C’est aussi simple que ça".