
Il faut sans cesse le marteler : on ne construit pas assez et ce que l’on construit ne répond pas suffisamment aux besoins sociaux ou territoriaux.
Toute personne sensée comprendra qu’il y a un réel problème après avoir constaté que les prix des logements ont doublé en moins de dix ans et que les loyers ont augmenté de 30 % à 50 % pendant la même période ! A l’évidence, les ressources des ménages n’ont pas suivi un tel rythme et les aides personnelles au logement, censées atténuer la facture, ont fini, au fil des mesures d’économie pratiquées, par décrocher...
...Parallèlement, on ne voit pas (ou l’on ne veut pas voir) l’étendue des exclus du marché du logement. La situation est pourtant devenue insoutenable : 3,5 millions de personnes sont non ou mal logées (personnes vivant à la rue, dans des cabanes, en camping à l’année, dans des logements dangereux…) et plus de 6,5 millions sont dans une situation de fragilisation par rapport au logement qui peut les faire à tout moment basculer ...
...On ne veut pas reconnaître non plus le fait que la ségrégation territoriale ne cesse de s’accentuer : un enfant sur deux est pauvre dans les zones urbaines sensibles ! Des territoires d’exclusion qui, sous l’effet de la crise du logement, se spécialisent chaque jour un peu plus dans l’accueil des ménages fragilisés, de ceux qui ne peuvent se loger ailleurs, qui sont interdits de s’installer dans les villes qu’ils font pourtant vivre et qui, pour la plupart, resteront assignés dans ces quartiers en difficulté....
...Le fossé entre l’étendue des exclusions provoquées par les difficultés de logement et la faiblesse comme l’incohérence de la réponse politique dépasse les limites de l’acceptable.