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Retour au vélo : « Comment transformer ce qui est vécu comme une contrainte en quelque chose d’émancipateur »
Article mis en ligne le 9 juin 2015
dernière modification le 3 juin 2015

Utiliser le vélo pour distribuer de la nourriture locale et bio : c’est l’objectif du projet Cargonomia, mené à Budapest, en Hongrie. Ce centre logistique construit de façon artisanale des vélos cargos, afin de proposer d’autres façons de se déplacer, consommer et vivre. Une initiative locale qui tente d’ouvrir le débat sur les alternatives dans un pays où la pauvreté s’est accrue ces dernières années, et où le mirage de l’Occident consumériste continue de provoquer envies et frustrations. Interview avec Vincent Liegey, l’un des coordinateurs du projet.

Cargonomia est un centre logistique dans le centre de Budapest qui propose d’organiser la distribution de nourriture locale et bio – légumes, œufs et pains – en vélo cargos. Les vélos que nous utilisons sont fabriqués de manière artisanale par une coopérative sociale qui s’intéresse aux solutions low-tech pour les transports en milieu urbain. Il est ainsi possible d’essayer, louer ou acheter ces vélos. Cargonomia est aussi un espace ouvert qui accueille régulièrement à la fois des ateliers pratique – couture, fabrication de meubles – et aussi des discussion plus larges sur la décroissance ou encore les stratégies politiques. (...)

Cargonomia est le fruit de plusieurs rencontres et coopérations autour de la Décroissance et des milieux alternatifs à Budapest. (...)

Ces projets s’inscrivent dans un contexte socio-économique mais aussi politique difficile. La Hongrie a rencontré après 2008 une forte récession, des plans d’austérité terribles et, la montée du chômage et de la misère. Si le centre de Budapest reste relativement préservé, le reste du pays est dans une situation critique. Pour beaucoup de Hongrois, et pas seulement les jeunes, la seule issue est trop souvent de partir à l’ouest.

Les dirigeants hongrois n’ont de cesse d’espérer des investissements étrangers, en s’ouvrant autant vers l’ouest avec l’Union Européenne que vers l’est avec la Russie, la Chine ou le Moyen-Orient, dans la logique des discours sur la compétitivité que l’on peut entendre en France. Ces investissements ne sont que des palliatifs et au mieux éphémères, le temps de partir vers des pays plus compétitifs.

L’enjeu du projet Cargonomia est vraiment de montrer que des alternatives sont possibles sans pétrole saoudien, sans énergie nucléaire française ni russe. Que l’on peut redonner de l’espoir et rompre avec la fuite forcée vers l’ouest. C’est un projet de relocalisation ouverte. (...)

Sans passer par le système des banques, on souhaite pouvoir créer de nouveaux emplois par la construction de nouveaux vélos-cargos et l’optimisation logistique de notre lieu. De même, nous souhaitons renforcer nos projets conviviaux et sociaux. Cargonomia est aussi un espace ouvert servant à la fois d’incubateur pour de nouveaux projets et aussi d’accueil de différents types d’activités autour du DiY (Do it yourself : "Faire soi-même"). Nous travaillons avec des associations de sans-abris ou de défense des droits des Rroms.

Ce type d’expériences est-il inédit en Hongrie ou y-a-t-il d’autres projets qui vont dans le même sens ?

La Hongrie, comme le reste du monde, connaît une forte dynamique autour de ce type de projets. D’ailleurs Cargonomia aurait été impossible sans qu’il y ait au préalable toute cette dynamique, décentralisée. (...)