
Les associations d’aide aux migrants ont remporté un nouveau succès devant la justice dans leur bras de fer avec la mairie de Calais : le tribunal administratif a enjoint de ne pas exécuter les arrêtés de la Ville visant à interdire dans certains lieux les distributions de repas à des migrants.
Le juge des référés "suspend plusieurs décisions de la maire de Calais ayant pour but d’empêcher la distribution de repas aux migrants dans la zone industrielle des Dunes et le bois Dubrulle", près de l’ancienne "Jungle" rasée fin octobre, a indiqué le tribunal administratif de Lille dans un communiqué. Leur nombre est évalué à 400 environ par l’association Utopia 56.
En début de semaine dernière, dix associations pro-migrants avaient déposé un "référé liberté" au nom de la "liberté d’aller et venir et de manifester" contre des arrêtés pris par la mairie (Les Républicains) prohibant tout attroupement dans les deux aires concernées. L’audience s’était tenue jeudi dernier.
Ainsi, dans son ordonnance, le tribunal considère que "la maire de Calais a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir, à la liberté de réunion" et a fait obstacle "à la satisfaction par les migrants de besoins élémentaires vitaux, au droit à ne pas subir des traitements inhumains et dégradants (...)".
Il s’agit du second revers en quelques semaines devant le tribunal administratif pour la mairie de Calais qui cherche coûte que coûte à éviter tout point de fixation de migrants aux abords de la ville. Début février, la municipalité avait fait placer une benne à ordures pour bloquer la pose de douches modulaires devant un local du Secours catholique dans le centre de la cité portuaire. Cette initiative avait été censurée par le tribunal administratif de Lille.
Mercredi après-midi, la maire Natacha Bouchart en a appelé à la "responsabilité" du gouvernement pour faire face "à la problématique migratoire", réclamant le maintien des forces de l’ordre et l’organisation de tournées pour convaincre les migrants de rejoindre ailleurs des structures adaptées.
– "Déni de réalité" -
A l’inverse, les associations ont fait part de leur satisfaction, même si les distributions de repas n’ont jamais cessé, étant organisées en dehors des périmètres concernés par les arrêtés municipaux.
Le recours était une "demande de respect de la dignité humaine. (...)
Pour le défenseur des droits Jacques Toubon, l’arrêté municipal "poursuit en réalité un objectif étranger à la sauvegarde de l’ordre public et vise à interdire les distributions humanitaires de nourriture aux migrants".