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Un Toit c’est un Droit !
Rennes, Un Toit pour Tous !
Article mis en ligne le 25 décembre 2012

Lettre ouverte à la Ville de Rennes.

Rennes, le 24 décembre 2012.

(...) le 13 novembre, vous avez déjà ordonné l’expulsion de 3 autres maisons du Canal Saint Martin, elles aussi occupées par des familles Roms, en pleine trêve hivernale. Sous les yeux des enfants, vous avez fait détruire leurs maigres biens matériels, afin qu’ils ne se réinstallent pas plus loin. Ces personnes ont alors trouvé refuge dans un lieu insalubre avec des conséquences dramatiques sur les enfants aujourd’hui déscolarisés et contraints à la mendicité. Vous êtes directement responsables de cette situation, qui provoque la colère des associations et des enseignants. Pour justifier de tels actes, vous ne pouvez pas utiliser l’argumentaire d’insalubrité et de sécurité, maintes fois utilisé depuis l’été par Manuel Valls, car ces squats n’étaient pas des camps insalubres et ne posaient aucun problème de voisinage.
Comme pour les 3 maisons déjà évacuées, il n’y a pas de projet immédiat pour cette maison du Canal Saint Martin. Bien sûr, un important projet est annoncé pour ce secteur, mais pas dans l’immédiat. Les autres maisons du quartiers sont encore pour la plupart habitées. Il n’y a donc aucune urgence. Alors pourquoi expulser ? Pour des raisons de principe, "nous ne voulons pas de squat dans notre belle ville de Rennes " ? Pour satisfaire une partie de votre électorat ??? Mais que vont devenir ces familles délogées ? Ces personnes, qui souffrent durement de l’instabilité des lieux de vie, n’ont pas d’autres choix que de trouver un nouveau squat, dont elles seront à nouveau chassées, puis se réinstalleront ailleurs...

Par deux fois, différentes associations ( Un toit, c’est un droit, RESF 35, MRAP 35, LDH Rennes...) vous ont rencontrées à la mairie de Rennes. Quand elles ont évoqué le logement des demandeurs d’asile, elles ont entendu un discours bien rôdé : « le logement des demandeurs d’asile n’est pas de notre compétence, les demandeurs d’asile déboutés doivent rentrer chez eux, il faut s’attaquer aux filières, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde... » Mais quand elles vous ont parlé des familles Roms, elles n’ont entendu qu’un silence embarrassé. (...)

Le collectif Romeurope constate que c’est l’inorganisation qui fait « appel d’air ». En effet les communes engagées dans un processus d’accueil sont en mesure de maîtriser les nouvelles arrivées. D’autre part, les Roms, comprenant les enjeux positifs pour eux même, participent de manière informelle à la régulation. Il y a une stabilité du nombre de personnes sur les communes qui ont fait le choix d’accueillir dignement ces populations, alors que dans les villes où se multiplient les expulsions, les camps s’étendent avec des conséquences néfastes sur la salubrité, la sécurité et le respect des droits des plus faibles. L’exaspération, la peur, l’intolérance du voisinage qui se sent dépassé par tant de misère, grandit en alimentant les discours xénophobes. (...)

Nous n’ignorons pas que l’intégration des Roms est avant tout une question européenne, qui concerne tous les pays. Mais en attendant, les populations souffrent, et arrivent sur notre territoire. On peut fermer les yeux en espérant que le problème disparaîtra par magie, ou décider de s’en saisir.
Grâce à la mobilisation citoyenne soutenue par une volonté politique, certaines communes ont trouvé des solutions humainement acceptables sur des terrain aménagés pour accueillir les familles roms en mettant en place des projets d’insertion. Pourquoi pas Rennes ? Certes, c’est une action à long terme, qui demande de la réflexion et de la concertation. (...)