
(...) Dans les pays développées 99 % des foyers ont au moins une télévision (p. 39). Le petit écran est partout en position centrale : la maison s’organise autour de la télé.
En 2009 la consommation mondiale moyenne atteignait des sommets : 3h12 par personne et par jour (p. 42). 60 % des adolescents français de 15 ans regardent la télé plus de 2h par jour (p. 42). Et contrairement à une idée reçue, les adolescents n’abandonnent pas la télé pour internet, leur consommation télévisuelle ne cesse de croître (ils surfent sur le net beaucoup moins que les adultes, 11h32m par mois contre 29h15) (p. 43).
Il y a là un marché juteux : « le spectateur n’est pas le client, il est au sens propre une marchandise que les chaînes revendent aux annonceurs » (p. 53) Elles vendent ainsi du temps « cerveau humain disponible. » Et cela commence très tôt. Les parents sont incités à coller leurs mouflets devant la petit lanterne pour avoir plus de temps pour faire autre chose : une fois devant l’écran, les jeunes enfants deviennent sages comme « des bovins apathiques. » Plus besoin de s’en occuper constamment (p. 47). Or « le volume de télévision absorbé durant la petite enfance annonce globalement la consommation adolescente, qui augure elle-même de l’exposition adulte » (p. 46).
Le pouvoir éducatif de la télé ? Dès 4-5 ans les enfants passent le plus clair de leur temps devant de programmes « tous publics » ; l’offre à destination des enfants est constitué à plus de 90 % de fictions. Alors le pouvoir didactique de la télé... (p. 55).
La télé facteur de socialisation des enfants dans la cours de l’école ? « Non seulement aucune donnée ne vient soutenir ce genre d’affirmation joliment péremptoire, mais tous les éléments disponibles tendent clairement à infirmer la pertinence du propos » (p. 55). Au contraire « nombre d’observations casuelles soulignent l’excellente intégration sociale des enfants élevés loin de la télévision » (p. 56).
Les affirmations dans les sondages sont minimisées et travestissent la réalité : les parents tendent à minimiser le temps passé devant la télé de leur progéniture de 50 à 60 % (p. 56). En France, la chaîne Arte est placée loin devant TF1 en terme de satisfaction, pourtant, curieusement, TF1 devance largement Arte en terme d’audience (26 % contre 1,7 % en 2009)... Sur les 50 meilleures audiences en 2009, toutes réalisées par TF1, aucun documentaire... (p. 57)
(...) La télévisions disloque la pensée de l’enfant, qui délaisse de plus en plus d’autres activités intellectuellement structurantes comme la lecture, le jeu, les devoirs.
Depuis une dizaine d’années des études ont montré que les activités spontanées du jeune enfants était lourdement perturbées par la présence même d’une télévision allumée dans la pièce (changement de jeu plus fréquent, schèmes ludiques moins riches, plages de jeux raccourcies et moindre concentration pendant ces plages). Perturbations qui altèrent le QI à long terme (p. 113).
Depuis quelques années de nombreux programmes destinés aux tout-petits ont vu le jour, les vendeurs de cerveau ayant bien compris le résultat des études scientifiques qui montrent que des sujets de 2 ans et moins peuvent passer plus de 70 % du temps à fixer l’écran en présence de contenus ad hoc (p. 114), pour l’exploiter.
Depuis 20 ans, la proportion d’enfants de moins de 1 an exposés quotidiennement à la télévision a quasiment quadruplé pour atteindre aujourd’hui les 60 %. 40 % des nouveaux-nés de 3 moins regardent la télé ! La durée de consommation quotidienne avoisine alors 1 heure. [...] À 24 mois, la proportions de spectateurs s’élève à 90 % et le temps journalier de visionnage monte à 1h40. (p. 115)
Ces chiffres sont pour le moins effrayants ! (...)