
Défis écologiques inédits, explosion des inégalités : faut-il choisir son combat ? La planète ou les pauvres ? Ces oppositions sont simplistes, affirme la Revue Projet. Réduire les inégalités est une nécessité pour permettre à chacun de bien vivre dans les limites de notre planète. Mais comment y parvenir ? C’est tout l’objet d’un colloque qui se déroule à Paris, du 16 au 18 février, dont Basta ! est partenaire.
En 2015, la fortune cumulée de 62 personnes équivaut à celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité, selon Oxfam ! Même si la méthode de calcul peut toujours être débattue, le chiffre reflète une réalité insupportable. Si les inégalités entre pays ont reculé au cours des dernières décennies (Afrique subsaharienne mise à part), celles entre individus ont explosé – et plus encore en termes de patrimoine que de revenus. Dans des proportions certes variables selon les pays – la France se situant quelque part entre le Danemark et les États-Unis – elles ont atteint une telle ampleur que même le Fonds monétaire international, longtemps le héraut du néolibéralisme, s’en inquiète. Mais pas nécessairement pour les bonnes raisons : comme si de leurs incidences sur la croissance pouvait dépendre notre tolérance aux inégalités ! (...)
bien des hommes et des femmes en bas de l’échelle sont renvoyés à la terrible accusation d’être, par leur faute, « inutiles » pour la société. Les écarts de richesse rendent nos sociétés malades – du stress, de la dépression, de la délinquance... Ils travestissent nos démocraties, jusqu’à les transformer en « ploutocraties ». Mais il y a plus.
Les inégalités mettent aujourd’hui en péril les conditions de vie sur terre – et d’abord pour les plus pauvres (...)
elles mettent en position de force ceux-là mêmes qui fondent leur fortune sur des modes de production et de consommation insoutenables. Loin de concurrencer l’impératif de justice sociale, la sauvegarde de notre maison commune en fait une question de survie pour l’humanité. Mais il ne suffira pas de mieux répartir les richesses, si celles-ci sont assises sur le dérèglement du climat, l’élimination des espèces et la surexploitation des ressources.
L’humanité dans son ensemble devra trouver une forme de sobriété. (...) Un plancher social, un plafond écologique : l’espace situé entre ces deux balises est le seul horizon éthiquement acceptable pour notre humanité. Le défi est colossal (...)