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CCFD-Terre solidaire
Reconquérir sa terre
Milciades Gonzalez Ruiz Instituteur appartenant à la communauté zanapana
Article mis en ligne le 2 mars 2018

Cet instituteur du Chaco s’est réinstallé avec sa communauté sur la terre qu’il revendiquait.

(...) Le Chaco est le royaume des vaches, du soja, des exploitations de plus de 10 000 hectares. Il était celui des peuples indigènes vivant de la chasse, la pêche et la cueillette. Au Paraguay, ces indigènes se battent pour récupérer leurs terres ancestrales. Ils sont estimés à 150 000 personnes, soit 2 % de la population.

Milciades est un indigène de la communauté zanapana. Cet instituteur de 33 ans a grandi dans l’« estancia Salazar », 50 000 hectares de terres d’élevage appartenant à un Américain qui venait de temps en temps. Ils étaient 300 Indiens à entretenir les pâturages ou à guider les troupeaux, à cheval. Après l’école primaire de l’estancia, sa grand-mère a payé son école secondaire.

Milciades enseigne maintenant à une soixantaine de kilomètres de la terre que sa communauté a réussi à récupérer de l’État. « La Constitution de 1992, rédigée après la dictature, exige que l’État redonne leurs terres ancestrales aux indigènes », explique Santiago, de Tierraviva, une ONG partenaire du CCFD qui fournit une assistance juridique aux communautés.

Le combat a été long mais concluant. « Après avoir épuisé tous les recours au Paraguay, nous avons porté l’affaire devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme. Cela a été utile, mais pas facile », explique Milciades. (...)

« Les trois leaders de ma communauté sont mes héros. Mais la victoire sera complète quand nous aurons récupéré la totalité de notre territoire, c’est-à-dire 300 hectares de plus. »

Le jugement de la cour prévoit que l’État finance l’achat de 600 000 € de bétails et volailles pour la communauté installée maintenant à Xakmok Kasek (« le lieu où abondent les perruches »). Enfin, il demande que l’État paie des indemnités de 8 000 € par mois de retard dans la mise en œuvre de la décision. Un juge de la cour est venu l’an dernier contrôler l’avancement du dossier. « Il y avait plus de 200 véhicules de l’État qui avaient fait le déplacement pour l’occasion », se souvient Milciades.

L’instituteur garde dans les yeux une partie des brimades que son peuple a eu à subir. Il se souvient « avec une douleur profonde » d’une visite à Asuncion où un député lui avait lancé : « Mais, enfin, pourquoi avez-vous besoin d’autant de terres, puisque vous ne cultivez pas ? » Milciades se souvient aussi de ceux qui sont morts avant d’avoir atteint Xakmok Kasek. (...)

Aujourd’hui, la communauté, après avoir reçu l’usufruit, par l’État, de ses 770 hectares, commence à se voir construire des maisons en brique par l’Institut paraguayen de l’indigène (Indi). Vingt sont déjà construites, les autres doivent suivre. « C’est un rêve. Mais c’est tellement difficile de faire bouger l’État. Le contrat stipulait que 63 maisons devaient être construites en cinq mois. Ils sont déjà en retard. » Chaque famille jouit d’une dizaine d’hectares, y délimitant chacune son terrain de volley-ball. (...)