
Il a fait de la libération de squats un business. Yann Collet, 51 ans, a créé il y a trois ans Squat solutions, une société qui rachète des biens occupés par des squatteurs dans toute la France. Elle s’occupe de gérer leur départ et le cas échéant de lancer ou suivre la procédure de demande d’expulsion si aucun arrangement n’a pu être trouvé. « L’idée m’est venue car il y avait près de chez moi une maison squattée depuis treize ans. Je l’ai rachetée. Puis, il y en a eu une deuxième, une troisième… »
La solution proposée séduit et semble combler un manque : 321 biens ont été rachetés en 2019, dont près de 45 % rien qu’en Île-de-France, pour l’équivalent de 130 millions d’euros ! « On a quarante demandes par mois sur le territoire national. On en traite entre 25 et 30 », reprend l’entrepreneur.
D’après lui, ce sont essentiellement les notaires qui lui apportent sa clientèle : des successions qui se passent mal et où la situation de squat s’enkyste, des propriétaires âgés ou placés qui n’ont plus l’énergie d’engager une procédure. « Ce matin, on a récupéré à La Courneuve la maison que des gens squattaient depuis six ans. C’était la maison de Téo, un peintre assassiné en 2014. On n’a pas pu trouver d’arrangement, donc on a eu dix-neuf mois de procédure. C’est une famille. On leur a payé trois nuits d’hôtel car les enfants n’ont pas à subir les problèmes des adultes », avance-t-il. Quand les squatteurs sont dans le besoin et de bonne foi, il ne demande pas le recours à la force publique.
« Je m’habille en rose, ça détend l’atmosphère » (...)
Je m’habille souvent en rose, ça détend l’atmosphère. Je privilégie toujours une solution à l’amiable ». Il propose en effet 3000 euros d’indemnités d’éviction en présence d’un huissier. Un moyen étonnant, mais légal, d’éviter une longue procédure. Les deux tiers des squatteurs acceptent.
Le cas échéant, il poursuit ou déclenche la procédure et supporte donc les frais afférents. Où trouve-t-il tout cet argent ? « On a deux partenaires financiers, deux gros groupes dans l’informatique, qui croient en notre projet. » Il ne souhaite pas donner leur nom et précise qu’ils récupèrent leur mise avec un taux de 0,5 %. Une fois le bien récupéré, il le cure, le rénove avant de le mettre en vente dans une agence immobilière locale. (...)