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RENVOI DE LA FAMILLE BUZHALA EN HONGRIE : PROPOSITION DE LETTRE OUVERTE AU PREFET , A DIFFUSER DANS LES MEDIAS ET LES ECOLES
Bordeaux, le 27 avril 2011 - Monsieur le Préfet de la Gironde Hôtel de Préfecture Esplanade Charles De Gaulle 33000 Bordeaux
Article mis en ligne le 1er juin 2011

Monsieur le Préfet

Le 18 avril, vos services ont procédé à l’arrestation puis à
l’expulsion de Mme et M. Buzhala et de leurs trois enfants.

D’une manière expéditive, qui ne leur a même pas permis de dire
au-revoir aux nombreux amis qui les accompagnaient ni à leur famille,
encore moins d’exercer un recours réel contre votre décision.

Nous sommes extrêmement choqués par cette décision et les modalités de
sa mise en œuvre.

Cette famille était en danger réel d’extermination au Kosovo, elle
demandait de l’aide à la République Française.

Vos services l’ont refusée, arguant du fait qu’ils avaient déjà déposé
une demande d’asile en Hongrie, pays qui est donc le pays responsable
de leur éventuelle protection par les pays signataires de l’accord dit
de Dublin 2.

Vos services n’ignoraient pas que les Buzhala n’ont effectué cette
démarche que contraints et forcés lors de leur interpellation dans ce
pays, et que leur souhait était d’être accueillis en France, où ils
ont des attaches familiales..

Ces accords ne vous liaient pas. Ils ne privent pas l’Etat français de
son droit souverain d’examiner, sil en décide ainsi, individuellement
les situations des demandeurs d’asile. Vous n’avez pas exercé ce
droit.

Le CESEDA vous offrait la possibilité de les admettre à titre « 
humanitaire. ». Vous n’avez pas exercé ce droit.

Pourtant, cette famille, simple, ordinaire, honnête, donnait toutes
les garanties d’une intégration réussie dans notre pays et dans notre
région. Excellente scolarité des enfants, apprentissage de notre
langue par les parents, emploi qualifié pour le père dans un secteur
très déficitaire. Iils avaient suscité un élan de sympathie et de
solidarité exceptionnel.
Nous avions, spontanément, constitué un comité de soutien, des
personnes très diverses : des parents, des enseignants, des Atos, des
employés de vie scolaire, des élus, des membres d’associations, des
citoyens. Avec un soutien unanime et fort des associations et des
autorités locales. Ils avaient été secourus, hébergés, vêtus, soignés,
entourés. Deux enfants en errance avaient ainsi été scolarisés, ces
enfants avaient retrouvé un équilibre matériel et psychique, retrouvé
le sourire et les jeux, appris le français, étaient très aimés par les
personnels de l’école, leurs camarades et les parents de ceux- ci.
Depuis le 18 avril tout s’est arrêté. Ils ont replongé dans le chaos,
ont vu leurs parents en pleurs et en crise de nerf à la Préfecture,
des policiers qui les ont conduits de force dans un centre de
rétention, le père mis de force dans l’avion, des conditions de vie
déplorables au camp en Hongrie, plus d’école...
Tout cela n’a pas infléchi votre décision. Et ce n’est pas une
décision individuelle », elle est prise au nom de l’Etat et du peuple
français, donc en notre nom.

Nous, citoyens français, attachés aux fondements de notre République,
ne nous reconnaissons pas dans ces pratiques, contraires à la
tradition qui l’honore, ici et dans le monde. Nous ne pouvons
qu’exprimer notre indignation la plus vive.

Nous avons agi dans le respect de la loi et des autorités. Nous vous
avons écrit, deux fois, demandé une audience, sans aucune réponse. Si
votre souhait était de nous démontrer, et de démontrer à d’autres
citoyens l’inanité et l‘inutilité de telles actions de soutien, cet
objectif est loin d’être atteint. Au contraire. Cette indignation,
cette volonté de défendre les droits fondamentaux, n’en sont que
renforcés, et nous en ferons part largement autour de nous. Et nous
agirons à nouveau de la même façon, si un cas similaire se présente.

Nous répondrez-vous ? A nous, qui ne sommes que des citoyens
ordinaires ? Vous nous écrirez, sans doute, que vous avez « appliqué
la loi », établie par notre représentation nationale. Réponse
passe-partout, « copié-collé » traditionnel, qui ne nous convaincront
pas, cette loi vous permettait de prendre une décision humaine.

Nous ajoutons que, comme il fallait le craindre, l’état des membres de
cette famille est très inquiétant, leurs conditions d’ « accueil » en
Hongrie étant déplorables ; et ne peuvent que s’aggraver, au vu des
récents changements institutionnels en Hongrie, sur lesquels les Etats
membres de l’Union et l’Union elle-même se sont publiquement
inquiétés, ce que vous ne pouviez ignorer. Nous continuerons à leur
apporter notre soutien, tant individuellement qu’au travers des ONG
internationales et hongroises. Et leurs efforts pour être enfin admis
légalement dans notre pays.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de nos
sentiments profondément républicains et humains

SIGNE PAR LISTE DE CHACUN DES MEMBRES qui est d’accord.
ADRESSE : Mireille Kerbaol, marraine, en mairie.
Mireille KERBAOL

"Agis en ton lieu et pense avec le monde"
Edouard Glissant

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