
L’information a été discrètement révélée dans l’édition de février du Mensuel de Rennes, « Manger est-il endoctriner ? » titre le journal local. On y apprend que dans le cadre d’une semaine de sensibilisation à l’économie sociale et solidaire, deux enseignantes ont organisé une visite à la Maison de la Grève de Rennes ce qui a mis les services de renseignement en émoi et abouti à la convocation des professeurs par le rectorat.
(...) le lieu fait l’objet d’une surveillance constante des services de renseignement. En effet, les différentes tendances de la contestation rennaise s’y rencontrent régulièrement, et le lieu serait même en lien avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Evidemment, la visite de cette soixantaine d’adolescents n’échappe pas aux fins limiers du renseignement territorial qui rédigent immédiatement un rapport sur cette sortie scolaire subversive qu’ils font remonter à la préfecture et au rectorat. [1] Dans leur rapport les agents précisent que les enseignantes sont « inconnues des services de police », mais alertent sur le possible « endoctrinement » auquel pourrait aboutir une telle sortie. A leurs yeux, il pourrait s’agir de « former des bataillons de zadistes ». (...)
La préfecture s’inquiète ; demande des explications au rectorat, qui soumet les deux enseignantes à une inspection surprise puis à un entretien individuel. Les mesures du rectorat scandalisent le corps enseignant qui se met partiellement en grève : la sortie avait en effet suivie les procédures habituelles et été validée par les autorités compétentes. La pression exercée sur les deux enseignantes apparaît donc à leurs collègues comme parfaitement injustifiée, et tous y voient un emballement très politique. Le 15 décembre, le rectorat convoque les enseignantes, les accompagnateurs et le proviseur du lycée pour essayer d’apaiser la situation. Il semblerait que finalement, le seul reproche institutionnel serait d’ordre hygiénique : la Maison de la Grève ne serait pas aux normes pour faire office de cantine et les enseignantes auraient donc indûment exposé leurs élèves à un risque d’intoxication alimentaire. Chacun appréciera