
Plus de 200 personnes, en majorité des demandeurs d’asile sahraouis, vivent aujourd’hui quai Deschamps, dans des conditions sanitaires indignes. Malgré les directives du gouvernement visant à résorber les bidonvilles, les associations dénoncent l’inaction de la préfecture de Gironde.
Yahdih affirme avoir passé 4 ans en prison au Maroc après avoir manifesté pacifiquement pour l’indépendance de son pays, le Sahara occidental. Désormais réfugié en France, il vit depuis 9 mois dans un des baraquements de fortune qui ont fleuri au squat du 53 quai Deschamps, à Bordeaux.
« C’est difficile, confie-t-il. Il y a seulement deux toilettes pour 200 personnes, et un seul point d’eau. »
Pourtant, plusieurs dizaines de demandeurs d’asile sahraouis, ainsi que quelques migrants d’Afrique subsaharienne, en grande majorité des hommes, ont élu domicile en octobre 2015 dans cette ancienne usine de la rive droite. Ils étaient alors une centaine. Depuis, et malgré un incendie qui avait brûlé le toit du grand hangar, le bidonville continue à prospérer, au grand dam des associations.
État en position démissionnaire
Médecins du monde, Droit au logement, la Ligue des droits de l’Homme et la Cimade ont rendu publique ce jeudi une lettre adressée il y a 15 jours au préfet, mais restée sans réponse. Elles y dénoncent l’ « inaction » de l’État face à l’urgence humanitaire
« Tous les efforts consentis par les citoyens et les associations ne suffisent pas à remédier à l’indignité dans laquelle l’attentisme sinon la démission des pouvoirs publics plonge ces personnes venues demander protection à la France. La dégradation constatée des conditions sanitaires, due à un amoncellement de déchets, à la prolifération de rats, à l’absence d’infrastructures appropriées pour les toilettes et d’adduction d’eau, sans oublier des problèmes de sécurité (3 incendies) n’auront pas suffi à convaincre la Préfecture ni les Collectivités Territoriales de la nécessité de solutions dignes et respectueuses du droit. » (...)
« La majorité des personnes ici devraient être hébergées en CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile). Leur droit d’accès à l’eau, reconnu par les Nations-Unies depuis 2010, est bafoué. Les arrêtés de dépollution du site pris par la préfecture n’ont jamais été appliqués. Aujourd’hui, nous demandons simplement que le préfet de Gironde applique une circulaire récente du gouvernement visant à résorber les bidonvilles en créant des groupes de travail avec tous les acteurs concernés. Or nous n’avons jamais eu de réponse. » (...)
Le silence est tout aussi assourdissant du côté de la mairie de Bordeaux et de la métropole. « C’est un sujet 100% préfecture », nous est-il ainsi répondu. (...)
Si vous voulez vous lancer dans l’humanitaire, pas besoin d’aller aux antipodes, il suffit de se rendre rive droite de la Garonne.