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Quelques notes sur l’opération répression du 10 juin à la frontiere franco-italienne
Article mis en ligne le 5 juillet 2020
dernière modification le 4 juillet 2020

Oui, nous avons occupé. Nous avons occupé le sous-sol de l’église de Claviere.
Et quand ils nous ont expulsés, nous sommes entrés dans l’ancienne Casa Cantoniera di Oulx.

Nous avons pris l’espace nécessaire pour nous rencontrer, nous parler, nous organiser. Contre les frontières. Contre les systèmes d’exploitation et de sélection qui les soutiennent. Pour porter une solidarité active à toutes ces personnes qui se trouvent discriminées, différenciées, constamment rackettées pour l’obtention d’un bout de papier, d’un État qui les massacre et du capital qui les exploite.

Nous avons occupé. Nous l’avons fait et nous le revendiquons.

Et nous sommes toujours là. La Casa Cantoniera existe toujours et la lutte à la frontière est bien plus large que les 24 personnes impliquées dans l’enquete pour occupation et les 17 personnes qu’ils tentent de chasser.
Des centaines et des centaines de personnes de tous les continents ont traversé ces espaces.
Certaines, indépendemment du fait qu’ils aient des documents ou non, déterminées à choisir où et comment vivre, d’autre pour combattre ce système d’exploitation, d’exclusion et de différenciation.

Chacun y a trouvé un espace pour s’organiser. Un espace pour manger, dormir, s’équiper pour partir, et du temps pour décider quoi faire. Un espace pour élaborer des discussions, proposer des initiatives, des manifestations, des cortèges, des cinéforum. Sans chantage. Hors des jeux politiques, hors des circuits économiques, réellement autonomes et indépendants.

Dans un territoire massacré par les infrastructures de transport, et par la construction tant appellée d’un TAV pour aller de plus en plus vite, les frontières faites de gardes et de gendarmes bloquent et tuent celleux qui sont obligées de marcher dans les montagnes pour continuer leur vie. Les marchandises passent rapidement et sans problème, ceux qui n’ont pas de papiers risquent de mourir chassés par la police. (...)

Ils nous accusent d’avoir exploité le « phénomène migratoire » dans la haute vallée de Suse, d’avoir fait des actions de propagande politique, d’avoir favorisé le franchissement illégal de la frontière des « migrants », mettant leur vie en danger. Comme si les gens avec lesquels nous nous sommes organisés pendant deux ans, riaient, plaisantaient, parlaient, pleuraient, étaient des mannequins sans défense, des objets sans choix. Même sur les torchons que les carabinieri nous ont remis ce matin, l’état infantilise et rend passif les choix autonomes de personnes qui, du reste, savent très bien où elles veulent aller. Nous renvoyons les accusations à l’expéditeur : personne ne serait obligé de risquer sa vie s’il n’était pas poursuivi par un système qui ne fait que sucer et cracher, s’il n’y avait pas de frontières et pas de papiers. Les assassins sont les États, leurs frontières, leurs flics. Et pour eux, nous entretenons notre haine.

Mais un seul délit nous est formellement reproché : l’occupation. Cette opération crée un précédent historico-juridique en ce qui concerne la pénalisation de cette pratique, qui a toujours été un instrument précieux de tous les mouvements de lutte. (...)