
Le verdict fait l’unanimité des gouvernements européens : pour endiguer les assauts de la finance, rigueur budgétaire et baisse des salaires seront nécessaires. Une solution idéale pour engager l’économie sur la voie de la déflation et accentuer la casse sociale. Et si on imaginait tout autre chose...
(...) En somme, les spéculateurs détiennent le pouvoir d’imposer une « européanisation » des dettes méditerranéennes. C’est ce pouvoir qui s’est exercé à la mi-mai. L’affolement des capitales européennes obéit au même mécanisme qui a fait trembler les Etats-Unis en septembre 2008 : l’extravagante pression exercée par les marchés sur des élus indécis. (...)
Ce champ de décombres a au moins servi à dégager l’un des trois piliers de la sagesse financière. La bonne marche du système suppose l’existence d’un Etat plus influent que n’importe quel marché. Il doit pouvoir agir pour assurer les paiements des dettes publiques — à la manière de la Réserve fédérale américaine —, faute de quoi les marchés triomphent des pouvoirs publics au jeu du « diviser pour mieux régner ». L’Europe a déployé d’immenses efforts pour mettre sur pied un « marché unique », mais sans se donner les moyens de le contrôler, et en décrétant que la BCE n’injecterait pas de monnaie supplémentaire dans le système. En agissant ainsi, elle a créé des marchés plus puissants que les Etats et des Etats criblés de dettes qui chancellent au bord de la faillite. Seule la BCE peut remédier à cet aveuglement, en abandonnant la charte qui l’entrave. (...)
La création d’une Union européenne des caisses de retraite pourrait servir par exemple à harmoniser le niveau des pensions entre les pays membres, afin que les anciens travailleurs du Portugal, de Grèce ou d’Espagne bénéficient des normes en vigueur dans les pays les plus avancés. (...)