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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Que faire face à la crise migratoire en méditerranée ?
Article mis en ligne le 21 avril 2015

Il ne fait aucun doute que l’augmentation estivale du nombre de traversées de la Méditerranée par les migrants à déjà commencé. Le weekend dernier, les autorités italiennes ont en effet secouru 8 500 migrants et signalé la mort de près de 400 autres.

La guerre fait rage en Syrie, en Irak et ailleurs et le chaos prend de l’ampleur en Libye, principal point de départ des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe par voie maritime. Les organisations humanitaires alertent depuis des mois sur la nécessité d’une action urgente, faute de quoi le nombre de migrants morts en mer en 2015 dépassera le triste record de l’année dernière : 3 500 morts.

La Commission européenne n’a pas indiqué avoir l’intention d’intégrer une mission de recherche et sauvetage financée par l’Union européenne dans sa nouvelle politique migratoire, qui devrait être rendue publique début mai.

Alors que la crise humanitaire en Méditerranée semble en passe de s’aggraver, IRIN a dressé une liste des éventuelles solutions proposées — et dans certains cas déjà appliquées — par les organisations humanitaires, les militants et le secteur privé.
(...)

Privatiser les opérations de sauvetage

La semaine dernière, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé un nouveau partenariat avec le Migrant Offshore Aid Station (MOAS), une initiative privée basée à Malte inaugurée l’été dernier qui a sauvé 3 000 migrants en l’espace de deux mois avec son navire de 40 mètres, le Phoenix. (...)

Compenser les sociétés de transport maritime

En 2014, 800 navires de commerce ont dévié de leur itinéraire pour sauver quelque 40 000 migrants en mer, principalement en Méditerranée. En mars, lors d’une réunion organisée à Londres par l’Organisation maritime internationale (OMI) sur la migration mixte par voie maritime, les armateurs ont déclaré avoir du mal faire face aux coûts et aux dangers de ces opérations de sauvetage.

D’après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les sociétés de transport maritime changent désormais leurs itinéraires pour éviter les zones dans lesquelles leurs navires risqueraient de croiser des bateaux de migrants.

L’une des propositions présentées en mars par le HCR est de compenser les armateurs privés pour les pertes encourues lors des sauvetages de migrants en mer. Selon l’agence, un tel mécanisme avait été mis en place par l’OMI lors de l’exode du Vietnam dans les années 1980 et pourrait être réactivé.

Faire campagne pour plus de réinstallations

Si les programmes de réinstallation dans l’UE étaient élargis, les réfugiés auraient moins besoin de s’embarquer dans des bateaux de passeurs. La contribution actuelle de l’Europe à la réinstallation reste faible (...)

Externaliser

Pour répondre à la crise, plusieurs ministres de l’Intérieur de l’UE ont proposé d’externaliser le filtrage et le traitement des demandes d’asile dans les pays d’Afrique du Nord.

Le gouvernement italien est allé encore plus loin en proposant que les patrouilles en Méditerranée soient externalisées dans des pays comme l’Égypte et la Tunisie. Les migrants « rescapés » seraient débarqués dans leurs ports et les clandestins seraient renvoyés dans leur pays d’origine.

Une telle initiative aurait « un véritable effet dissuasif et de moins en moins de migrants seraient prêts à mettre leur vie en danger pour atteindre les côtes européennes », avance la proposition italienne.

Les spécialistes des migrations ne sont cependant pas de cet avis. (...)

Réduire les barrières

Les demandeurs d’asile et autres migrants optent de plus en plus pour les traversées maritimes, car les frontières terrestres sont devenues infranchissables.

En 2012, la Grèce a érigé un grillage le long de sa frontière avec la Turquie et d’autres pays ont suivi son exemple. La Bulgarie a elle aussi clôturé sa frontière avec la Turquie l’année dernière et l’Espagne a pratiquement condamné les frontières de Ceuta et Melilla, ses enclaves en Afrique du nord.

Outre les clôtures, les gardes-frontières de plusieurs pays se trouvant aux frontières de l’UE ont été accusés de refouler les migrants et de leur refuser l’accès à l’asile.

Selon de nombreux groupes de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, réduire les contrôles aux frontières plutôt que les renforcer et créer des voies d’accès à l’UE sécurisées et légales sont les seules solutions durables à l’aggravation de la crise en Méditerranée.